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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

répugnance qu’eut à vaincre Christophe Colomb pour décider les hommes du métier à franchir ce redoutable passage et à faire voile sur la mer de l’Ouest qui, selon la croyance populaire, engloutissait ceux qui voulaient en sonder l’étendue et les mystères ?

Si des peuples très-anciens n’ont pas habité notre continent, expliquerons-nous la provenance des monuments remarquables qui s’y trouvent sur tant de lieux divers ?

Les plaines de l’Ouest, la Californie, le Nouveau-Mexique et l’isthme de Panama sont les dépositaires de ces merveilles des temps oubliés. Des villes étendues, des constructions géantes, des travaux d’une origine fabuleuse, nous offrent les traces d’une civilisation qui n’a pas laissé d’annales ni d’histoire ; mais c’est de l’histoire que ces amas de pierres sculptées dont le voyageur cherche vainement la cause autour de lui, et que les Sauvages découverts par Colomb et Cortez ne pouvaient expliquer.

Les enfants de notre premier père avaient de ces allures de fondateurs. Ils en ont donné des preuves en Asie. Pourquoi pas également en Amérique, puisqu’ils pouvaient y atteindre ?

Ce qui montre qu’ils sont venus en ce pays directement du berceau du genre humain, par conséquent de l’ouest à l’est, c’est qu’ils n’ont occupé que la moitié ouest de notre continent. Leurs travaux n’existent que là.

Les Florides, Panama et le Mexique, ouverts sur l’Atlantique, sont riches aussi en vestiges archéologiques ; mais ces ruines témoignent d’un autre genre de goût, de civilisation, de peuples postérieurs aux ouvriers de l’ouest.

Le versant de l’Atlantique n’a pas dû être habité par les Américains de l’époque de Noé.

Ces hommes, successeurs assez rapprochés de ceux qui construisirent la tour de Babel, ne devaient être privés ni des talents ni des moyens d’exécution que l’on reconnaît aux contemporains de Noé. Ils ont pu bâtir les palais étonnants qui sont encore sous nos yeux.

En ce cas, la marche des peuples autour du monde aurait commencé à l’inverse de la course du soleil.

Il y eut aussi les mound builders, ces constructeurs de villages entourés de terrasses, qui peuplaient les vallées du Wisconsin, du Missouri et du Mississipi, et dont la disparition remonte à peu près au temps où Charlemagne régnait en Europe. Moins avancés en civilisation que les peuples dont nous venons de parler, ils n’étaient pas ignorants de certaines industries, et se gouvernaient d’après des lois plus fermes que celles des nomades.

Mais, dira-t-on, vous laissez de côté une population immense qui n’a aucun rapport apparent avec ces royaumes, dont quelques-uns remonteraient à près de trois mille ans. N’y avait-il pas, à l’époque de la découverte du Nouveau-Monde, outre les peuples extraordinaires du Pérou et du Mexique, des races à l’état sauvage ?

Oui, mais sans parenté avec ces autres peuples, si ce n’est qu’elles étaient descendantes d’Adam et d’Ève, ou plutôt de Noé.

D’où venaient-elles ?

Il ne faut pas regarder les Sauvages comme ayant tous passé par le même sentier pour