Les peuplades ainsi émigrées vivaient sans doute dans l’état primitif que la science nous fait connaître aujourd’hui par ses recherches sur les premiers hommes qui peuplèrent l’Europe. Leur nombre grossissait ; ils eussent fini par se fixer et améliorer leur sort. Le déluge vint anéantir ce mouvement.
Qu’est-il arrivé ensuite ? On le sait ; l’espèce humaine dût se remettre à croître. Des années et des siècles s’écoulèrent. C’est vers le bassin de la Méditerranée que les peuples les plus connus se sont avancés ; mais une forte branche, Noé lui-même, probablement, s’empara de la Chine et s’y est maintenue à l’aide d’un système de gouvernement admirable, incarnation d’une pensée qui surpasse celle de nos législateurs les plus célèbres : le talent anobli.
Pour repeupler la terre, la famille humaine prenait deux chemins différents : l’un à droite, l’autre à gauche. Ils devaient se croiser en Amérique.
Depuis Platon, qui vivait il y a deux mille trois cents ans, et qui nous entretient de choses devenues alors très anciennes, jusqu’au lieutenant Maury qui vient de s’éteindre, on s’est occupé d’une île, ou de plusieurs îles, ou, peut-être, d’un continent qui aurait existé entre l’Europe et l’Amérique, en plein Atlantique. De nos jours, les traces en sont visibles. Notre pauvre terre a été tant secouée, tant bosselée, tant ratatinée, même après le déluge, que tout est croyable.
Au Pérou, à Panama, aux Florides, au Mexique, se voient des monuments nombreux qui ont surtout un air de parenté avec l’architecture égyptienne. Ont-ils été construits par des gens de la Méditerranée ? C’est à peu près certain, car, sans cela, d’où viendrait leur ressemblance avec une architecture aussi distincte que l’est l’art égyptien entre tous les autres ? Prenons, par exemple, l’époque du roi David, ou de Salomon, son fils, qui envoyait des vaisseaux dans les mers lointaines, il y a trois mille ans ; prenons les navigateurs de la Méditerranée, et supposons que, d’une île à l’autre, à travers l’Atlantique, ou mieux, à l’aide du continent décrit par Platon, ils aient atteint les rives de notre continent américain, quoi d’étrange ? Un climat superbe les retenait dans les Florides, le golfe du Mexique et au Pérou. L’amour des aventures pouvait les amener à s’y établir tout autant, pour le moins, que nous autres Européens, qui avons peuplé le Canada, il y a deux siècles et demi, en des conditions bien moins favorables.
Les courants océaniques qui ont porté Cabral sur le Brésil, l’année 1500, et dont on tire parti pour abréger la traversée d’Europe en Amérique, n’étaient peut-être pas inconnus des pilotes des Pharaons. Un accident a pu jeter un vaisseau, une flotte entière dans ces courants. Revenir, par exemple, n’était pas la même chose.
On ne nous dit pas au juste la date de l’effondrement de l’Atlantide, comme l’appellent les anciens ; mais on pense que cela eut lieu il y a près de trois mille ans. Les chroniques de l’Égypte, entrevues par Platon, nous le donnent à supposer. Il n’est pas impossible que les communications entre l’Amérique et l’extrémité occidentale de la Méditerranée aient été soudainement interrompues depuis ce cataclysme, et qu’une terreur superstitieuse ait retenu les marins en dedans des colonnes d’Hercule. À quoi, du reste, peut-on attribuer la