D’eux sont sortis les Incas au Pérou, les Montézuma au Mexique, sans compter la puissance, inconnue même de nom, qui ne se révèle à nous que par les ruines semées dans la Floride.
Cela ressemble-t-il aux tristes épaves de peuples persécutés et ignorants, ou aux ravageurs stupides abordant une contrée lointaine, se trouvant dépourvus de ressources et à la merci d’une existence si peu propre à les relever ? De là naissent les Sauvages, ceux que nous avons découverts. C’est la thèse renversée de « l’homme de la nature ; » car, au lieu d’être l’expression du commencement de la société, le Sauvage présente le spectacle de sa décrépitude morale.
Il appartient à la science d’approfondir toutes ces questions. Depuis quelques années, les théories les plus diverses sont mises au jour. Tout le monde a la parole. Si quelqu’un prouve que nous avons fait fausse route, tant mieux ! c’est qu’il aura en main des renseignements que bon nombre de chercheurs ne connaissent pas encore.
Même en se trompant, il est agréable de remonter le cours des siècles oubliés, et, à l’aide des jalons dispersés dans ce vaste espace, de refaire par la pensée la marche et l’existence d’une partie des enfants d’Adam.
Ce qui paraît incontestable, c’est que la zone embrassée aujourd’hui par la confédération canadienne, d’un océan à l’autre, n’a jamais été habitée par des peuples civilisés. Ici était la contrée des barbares du nord, comme les hauts plateaux de l’Asie. Ces tribus de chasseurs devenaient parfois trop nombreuses, alors elles se jetaient sur le midi qu’elles dévastaient, tout comme en Europe.
Les empires croulaient sous leurs coups ; la hache et le feu effaçaient du sol les nations et les villes ; la solitude se faisait quelque temps, puis un certain nombre de ravageurs prenaient racine dans les lieux conquis, s’y créaient une sorte de civilisation, en attendant que leurs frères du nord vinssent les détruire à leur tour.
Aussi loin que l’on peut remonter, c’est-à-dire au XVe siècle, les vallées du Saint-Laurent et de l’Ottawa étaient occupées par deux grandes races, parlant chacune sa langue propre : la race iroquoise et la race algonquine.
Elles se subdivisaient en de nombreuses tribus portant des noms particuliers.
Les Algonquins habitaient le long de la rivière Ottawa, que les Français désignèrent longtemps sous le nom de rivière des Algonquins ou Algoumequins, selon la manière d’écrire de Champlain.
Ils avaient non-seulement la rivière Ottawa et les terres qui la bordent, mais leurs courses pouvaient s’étendre facilement, d’un côté vers le lac Huron et la baie Georgienne, et de l’autre à la hauteur des terres où l’Ottawa, le Saint-Maurice et le Saguenay ont leurs sources communes. Ces peuples chasseurs devaient, en effet, se répandre sur une grande étendue de pays.
La tradition des Agniers, tribu iroquoise, porte que le pays des Algonquins était situé à cent lieues à l’ouest des Trois-Rivières. Nous savons que, dans les premiers temps des Français, l’île des Allumettes, sur le haut de l’Ottawa, était regardée comme le quartier