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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

Les Français commençaient à attirer les nations algonquines, qui échangeaient avec eux leurs pelleteries pour des articles de fabrique européenne. Les Hurons, qui faisaient cause commune avec les Algonquins, descendirent bientôt jusqu’à Tadoussac. À partir de ce moment, il est probable que les Iroquois les vouèrent, comme les Algonquins, à l’extermination.

Cette défection ne fit qu’activer le sentiment de vengeance contre les Algonquins. Les cinq tribus iroquoises les plus vaillantes : les Agniers, les Tsonnontouans, les Onnontagués, les Onneyouts et les Goyogouins, apparaissent alors comme les principaux membres de la plus puissante ligue de Sauvages dont l’histoire ait parlé ; mais ce ne fut que vers 1645 qu’ils prirent de l’importance. Ce sont ces tribus que les Français eurent à combattre et qui, grâce à l’incurie du gouvernement de Louis XIV, retardèrent pendant de longues années les progrès du Canada, en promenant le fer et le feu au milieu des colons dispersés sur les bords du Saint-Laurent.

Les Attikamègues, nation de langue et de coutumes montagnaises, habitaient les plateaux où le Saint-Maurice et le Saguenay ont leurs sources. Ces peuples, excessivement timides, n’approchaient point du fleuve par crainte de la guerre. Ce n’est qu’en 1637, alors que le fort des Trois-Rivières pouvait les protéger dans une certaine mesure, qu’ils se hasardèrent à descendre le Saint-Maurice et à venir trafiquer de leurs pelleteries aux magasins de la compagnie de la Nouvelle-France en ce lieu.

Nous savons déjà, d’après la Relation de 1660, que ce qui restait d’Iroquois, vers la fin du XVIe siècle, « poussa tellement en peu d’années, qu’il réduisit les Algonquins aux mêmes termes. »

Aussi, lorsque Samuel de Champlain remonta le fleuve, en 1603, rencontra-t-il très peu de Sauvages entre Montréal et Québec, et même ces deux endroits semblent avoir été déserts. Les Algonquins avaient le dessous à leur tour ; ils se tenaient plutôt dans leur ancien territoire de l’Ottawa. Les Iroquois couraient le fleuve et le rendaient presque inabordable.

Les traitants rencontraient les Sauvages amis à Montréal et aux Trois-Rivières, à des époques fixes de l’été. Une fois la traite terminée, il restait à peine quelques familles dans ces endroits.

Les Sauvages de Québec et des Trois-Rivières étaient toujours errants et ne cabanaient que par groupes de deux ou trois familles, là où ils trouvaient du gibier et du poisson, dit le Père LeClercq.

En 1608, Champlain fonda la ville de Québec. L’année suivante, sollicité par les Algonquins et les Montagnais, peuple du Saguenay, il entreprit, contre les Iroquois, l’expédition du lac Champlain. En cette circonstance, un chef célèbre du nom de l’Iroquet commandait la tribu algonquine, qui est connue sous ce même nom d’Iroquet ; et Ochatéguin était le capitaine d’une tribu de Hurons, qui portaient, au dire de Champlain, ce même nom de Ochatéguin.