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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

Ce qui est étrange, c’est l’espèce de fausse bravoure dont les Algonquins firent parade, par un reste d’habitude de leur ancienne renommée. Ils savaient que leurs ennemis agissaient plus par ruses et par pièges que tout autrement ; mais ils ne laissaient point de commettre, chaque jour, les imprudences les plus grossières. Quant à l’habileté et au courage, ni l’une ni l’autre des deux races n’en cédaient ; mais les Algonquins manquaient de ténacité dans les expéditions et de persistance dans la poursuite de ces guerres cruelles.

La mort de Piescaret, en 1647, fut comme le signal de la ruine de la nation algonquine, qui eut lieu en même temps que celle des Hurons.

Les Algonquins et leurs adhérents ne reçurent que très peu de secours du côté des Français. Ce n’est qu’en 1665 qu’arrivèrent dans le pays des forces vraiment imposantes ; mais il y avait quinze ans que les Hurons et les Attikamègues étaient détruits, et que la poignée d’Algonquins qui restaient se tenaient cachés sous les canons des villages français.

La colonie de la Nouvelle-France, commencée en 1608, n’eut d’établissements stables qu’à partir de 1633 ; elle ne prit véritablement de l’importance qu’en 1665.

Les Iroquois, qui avaient, à cette dernière date, porté leurs armes victorieuses dans le golfe, sur les bords du fleuve, aux sources du Saint-Maurice et de l’Ottawa, sur les terres du Haut-Canada, autour des grands lacs et jusqu’au pays des Sioux, ne voyaient plus d’ennemis sérieux que les Français. Ils surent leur tenir tête pendant un autre demi-siècle, c’est-à-dire jusque vers 1700. Les Français leur suscitèrent alors des ennemis redoutables dans les Abénaquis, venus d’Acadie et placés aux environs des Trois-Rivières et du lac Saint-Pierre.

Voici donc, en résumé, les mouvements successifs de ces peuples :

Les Algonquins habitaient l’Ottawa ; les Iroquois, le Saint-Laurent. Ces derniers disaient être venus de l’ouest.

Vers 1500, les Algonquins chassent les Iroquois des bords du fleuve et s’y installent. Les Iroquois vont se fixer entre le lac Champlain et le lac Ontario.

Entre 1500 et 1530, les Hurons (ou une autre tribu iroquoise) reprennent Montréal sur les Iroquets, tribu algonquine. La plupart des Iroquets passent dans les rangs des Iroquois par la conquête.

À la même époque, les Tsonnontouans, tribu iroquoise, commencent à exercer des ravages sur le fleuve, en descendant par la rivière Sorel.

En 1535, Jacques Cartier visite, à Montréal, les Hurons-Iroquois. De là jusqu’à Québec, il n’y a qu’un seul village. Les Tsonnontouans ou Toudamans répandent la terreur partout dans ces endroits.

Vers 1560, les Algonquins massacrent presque tous les guerriers de l’Iroquet, à la rivière Puante, et le reste de cette tribu retourne aux Algonquins.

Entre 1560 et 1600, la tribu iroquoise des Agniers est celle qui conduit principalement la guerre contre les Algonquins.

De 1560 à 1600, les Algonquins prennent le dessus dans toutes les directions. La tribu