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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

noces (1666), au Château-Richer, il se maria avec Marie Le Crevet, veuve de Robert Caron. Sa descendance est très nombreuse.

Le colons de Beauport se mirent vigoureusement à l’œuvre ; ils construisirent une maison pour le seigneur, et d’autres, plus modestes, destinées aux censitaires ; ouvrirent sans retard des défrichements et jetèrent dans le sol les premières semences. Le 12 juin, huit jours après son arrivée, madame Giffard mit au monde sa fille aînée, Françoise, qui épousa, le 21 novembre 1645 (à l’âge de onze ans cinq mois et neuf jours), Jean Juchereau de la Ferté, âgé de vingt ans.

Vers la fin de juin (1634), Champlain surveillait les préparatifs de trois expéditions importantes : l’établissement d’un fort aux Trois-Rivières, le départ des missionnaires pour le pays des Hurons, et l’entreprise de Jean Nicolet, qui se chargeait aller poursuivre les découvertes au delà des grands lacs.

La traite des pays d’en-haut devait avoir lieu cette année aux Trois-Rivières ; les nations y arrivaient par petites bandes. Le premier juillet, une chaloupe montée par quelques soldats et plusieurs hommes de métier, sous les ordres du sieur de la Violette, partit de Québec en même temps que les pères Jean de Brebeuf et Antoine Daniel ; ils arrivèrent aux Trois-Rivières le 4 juillet. Aussitôt, les ouvriers commencèrent la construction du fort.

Les rassemblements de sauvages n’étaient pas toujours pacifiques. Plusieurs intrigues se formèrent et se dénouèrent lorsque les Hurons apprirent que les religieux avaient l’intention de les accompagner jusqu’à la baie Georgienne. Au milieu de ces débats, le 5, arrivèrent M. Duplessis-Bochart et le père Ambroise Davost, partis de Québec le 3. Enfin, on parvint à s’entendre, et les courageux missionnaires se mirent en route, le 7, au bruit du canon et des vivats de la foule.

Le père de Brebeuf nous apprend que Nicolet était en sa compagnie dans ce voyage, et il en dit beaucoup de bien. Rendus à l’île des Allumettes, ils se séparèrent : le père, pour se rendre chez les Hurons ; l’interprète, cherchant des guides et faisant les préparatifs de l’exploration projetée au delà du lac Michigan.

Champlain promenait ses regards d’une extrémité à l’autre de la carte de la Nouvelle-France. Aujourd’hui occupé de la flotte qui naviguait dans le golfe Saint-Laurent, demain tourné vers l’inconnu qui l’attirait vers l’ouest, ensuite ramené aux intérêts immédiats de Québec, il embrassait mille détails et prodiguait de tous les côtés les trésors de sa longue expérience. Le nouveau fort qu’il faisait élever n’était qu’un jalon de plus sur le fleuve. Il se rendit aux Trois-Rivières à la fin de juillet et retourna à Québec le 3 août. Au mois de septembre, les pères Le Jeune et Jacques Buteux allèrent commencer la résidence des Trois-Rivières, qui devait s’y continuer trente-deux ou trente-trois ans sans interruption.

La grande traite de la Nouvelle-France se fit aux Trois-Rivières à partir de cette année 1634, et ne commença à se partager avec Montréal qu’en 1656. Québec ne fut jamais un poste de traite ; toutefois, on y entretenait le principal dépôt des marchandises.