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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

chacun pour un huitième. » Il résulte de tout ce qui vient d’être relaté que M. de Lauson, qui voulait établir ses enfants dans la Nouvelle-France, n’avait pas négligé les moyens de parvenir à ce but[1]. » À part les personnes ci-dessus, on cite : Berruyer, seigneur de Manselmont ; Jean Rozé, Jacques Duhamel et Juchereau, marchands, qui faisaient partie de cette association particulière[2]. En 1650, Olivier Le Tardif était leur procureur. L’île ne reçut que peu ou point de colons avant 1648 ; vers ce temps, les dames de l’Hôtel-Dieu et les ursulines y obtinrent quelques arpents de terre[3].

Le 23 mai 1637, M. de Montmagny, gouverneur, concède au sieur Jean Bourdon, maître arpenteur ingénieur en la Nouvelle-France, la consistance de cinquante arpents de bois ou environ, mesure de Paris, en roture, situés dans la banlieue de Québec et compris dans les bornes et limites qui suivent, savoir : du côté du sud-est, une ligne parallèle au chemin qui va de Québec vers le cap Rouge, éloignée du bord du dit chemin de douze toises ; du côté du nord-ouest, le coteau de Sainte-Geneviève ; du côté du sud-ouest, une ligne perpendiculaire sur le chemin qui va de Québec au cap Rouge, tirée d’un lieu que nous avons fait marquer ; du côté du nord-est, les terres de Pierre de la Porte, ainsi qu’il est décrit et exprimé en la carte qui est demeurée au greffe signée de nous… en présence de Guillaume Couillard, Olivier le Tardif et Pierre de la Porte[4]. C’est une partie des plaines d’Abraham.

Jean Bourdon reçut de la compagnie, le 6 avril 1647, « une demie lieue de terre à prendre le long du grand fleuve Saint-Laurent, du côté du nord, entre le cap de l’Assomption et les Trois-Rivières, à l’endroit où le dit sieur Bourdon seul habitue, suivant pareille concession à lui ci-devant faite par la compagnie dès l’année 1637, et de proche en proche d’icelle aussi sur pareille profondeur, et demie lieue en avant dans les terres, revenant l’une et l’autre des concessions à une lieue le long du grand fleuve de Saint-Laurent sur la profondeur de deux lieues. » La concession de 1637 (1er décembre) est la première qui fasse mention de la coutume de Paris ; les deux forment le fief Dautray, près Lanoraie[5].

La seigneurie de Sainte-Croix (comté de Lotbinière), mesurant une lieue de front sur dix de profondeur, fut accordée, le 15 janvier 1637, par la compagnie, à Jean de Beauvais, commissaire de la marine de France, pour fonder à Québec un couvent de dames religieuses ursulines « à la charge de faire passer en la Nouvelle-France, dans l’année prochaine, au moins six personnes pour commencer à défricher, cultiver et bâtir sur les dites terres concédées, etc, » En 1652, M. de Lauson, gouverneur, donna un acte de confirmation ; vingt-six ans plus tard, on n’y voyait encore aucun habitant ; un délai d’une année fut accordé aux religieuses pour se conformer aux obligations inscrites dans l’acte. Sir Louis-H. Lafontaine relève un grand nombre de semblables cas pour démontrer que le défrichement n’était pas facultatif, mais obligatoire[6].

  1. Sir Louis-H. Lafontaine : Soc. hist. Montréal, 1859, p. 82.
  2. C’était bien, à peu près, le bureau ou le cercle qui avait alors en main les destinées du Canada ; car la compagnie de la Nouvelle-France ne faisait que les couvrir de sa protection.
  3. Ls.-P. Turcotte : Histoire de l’île d’Orléans, pp. 53, 57, 150.
  4. Titres seigneuriaux, p. 351.
  5. Titres seigneuriaux, pp. 356, 358. Documents de la tenure seigneuriale, vol. A, p. 36. Bouchette : Dictionnaire, article « Lanoraie. »
  6. Documents de la tenure seigneuriale, vol. A, 35, 80, Bouchette : Dictionnaire, article « Sainte-Croix. »