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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

Le fief des Grondines, accordé, le 18 mars 1637, à « madame de Cambalot, duchesse d’Aiguillon,… vu le dessein qu’elle a de faire bâtir et construire en la Nouvelle-France un couvent de religieuses hospitalières pour y retirer et panser les malades, soit français ou sauvages… douze arpents de terre dans l’étendue de la ville de Québec pour y construire le monastère, maison et couvent des dites religieuses hospitalières, avec trente arpents de terre à prendre dans la banlieue de la dite ville… et d’autant que la dite dame duchesse veut pourvoir aussi à l’entretenement et dotation du dit couvent, elle aurait fait requérir notre dite compagnie de lui concéder, pour et au nom des dites religieuses, quelques étendues de terre outre et pardessus celles déjà concédées, pour faire défricher et en retirer un jour quelque revenu pour l’entretien de la dite maison et couvent et nourriture tant des dites religieuses que des autres qui seront reçues dans la dite maison… concédons une lieue de largeur à prendre le long du fleuve Saint-Laurent sur dix lieues de profondeur dans les terres au dessus et au dessous de Québec, en lieux non encore concédés… les dites religieuses relèveront les dites terres de la compagnie sans autres redevances, néanmoins sinon qu’elles et autres qui leur succéderont ci-après seront tenus de fournir un aveu et dénombrement de vingt ans en vingt ans… et de faire célébrer par chacun an, en leur église de Québec, une messe basse du saint Esprit, le dernier jour de novembre, pour prier Dieu qu’il lui plaise inspirer l’assemblée générale, qui se doit tenir le premier mardi du mois suivant, à prendre des résolutions qui soient pour sa gloire et pour l’honneur de la France et solide établissement de la colonie, et feront inviter le gouverneur de Québec, son lieutenant, et autres principaux habitants de Québec d’assister à la dite messe[1]. » Cette seigneurie fut augmentée en 1672 et 1711[2]. Le nom poétique de Grondines vient des cascades et des rapides que l’on admire dans son voisinage.

Le 18 mars 1637, la compagnie donne l’emplacement du collège des jésuites. « Les révérends pères de la société de Jésus nous ont fait entendre le dessein qu’ils ont d’établir un collège et séminaire en la Nouvelle-France, pour y instruire les enfants des sauvages, les Hurons éloignés de deux cents lieues de Québec leur en ayant déjà envoyé six, avec promesse de leur en envoyer un grand nombre à l’avenir, et aussi pour instruire les enfants des Français qui résideront sur les lieux… octroyons aux dits révérends pères douze arpents de terre en la Nouvelle-France, à prendre à Québec dans l’étendue qui sera désignée par notre dite compagnie… sans aucune charge (comme la concession des Grondines)… et ci-après, lorsqu’il se fera quelque assemblée publique au dit collège, pour l’exercice des écoliers ou autrement, les associés de notre dite compagnie qui se trouveront sur les lieux y tiendront le rang et place tel qu’on les donne aux fondateurs des maisons pieuses[3]. »

Aux mêmes religieux est accordée, le premier décembre 1637, la concession de l’île aux Ruaux ou aux Reaux. « Notre plus grand désir étant que, en établissant la colonie de la

  1. Titres seigneuriaux, p. 32.
  2. Bouchette ; Dictionnaire, article « Grondines. »
  3. Titres seigneuriaux, p. 58.