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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

Noble homme François Chavigny[1] de Berchereau, de Créancée, Champagne, arriva dans le pays vers 1640. Il venait d’épouser Éléonore de Grandmaison, née 1622, veuve d’Antoine Boudier, sieur de Beauregard. Il se fixa à Sillery, où on lui avait accordé des terres ; son influence était grande dans la Nouvelle-France ; M. de Montmagny le nommait pour le représenter durant ses absences de Québec. Étant de même province que M. de Maisonneuve, mademoiselle Mance et mademoiselle Bourgeois, et de plus leur ami personnel, il était consulté par les fondateurs de Montréal tout autant que par ceux de Québec. Au cours d’un voyage qu’il fit en France dans l’intérêt de sa santé, il y mourut (1651), et sa veuve épousa à Québec, 1652, Jacques Gourdeau sieur de Beaulieu, natif du Poitou. Éléonore avait des terres à l’île d’Orléans, et elle y accorda un refuge aux Hurons lorsque ces pauvres sauvages furent chassés de leur pays, 1649-50. Elle se fit donner, 1652, les deux terres de Chavigny, dont son deuxième mari avait commencé l’exploitation, et le fief voisin, nommé aujourd’hui Deschambault. Sa maison de l’île d’Orléans ayant été consumée par le feu, 1651, elle la rebâtit et en fit sa demeure, si elle n’y était déjà établie. C’est là que le sieur Gourdeau fut assassiné, 1663, par un domestique qui mit le feu à la maison pour cacher son crime. En quatrièmes noces, Éléonore épousa Jacques Des Cailhaut de la Tesserie, dont il sera parlé. Les enfants de Chavigny et de Gourdeau ont fait des alliances honorables, et leur descendance est encore parmi nous.

On cite en outre, comme étant arrivées avant 1640, mais sans pouvoir en fixer la date, les personnes dont les noms suivent :

Guillaume Boivin, qui jusqu’à 1666 fut au service de pères jésuites.

Jacques Boissel, né 1601, boucher, avait épousé récemment Marie Éripert ou Héripel, née 1611. Deux de leurs fils, Noël et Gilles, ont fondé de nombreuses familles.

Nicolas Bonhomme dit du Lac et dit Beaupré, né 1603, fils de Nicolas Bonhomme et de Marie Gayon, de Sainte-Croix de Fécamp, pays de Caux, Normandie, épousa à Québec, le 2 septembre 1640, Catherine, née 1616, fille de Léonard Goujet et de Catherine Dufrençoys, du bourg de Thury, Normandie. Leur descendance est nombreuse dans le district de Québec.

Pierre Gadois, né 1594, à Saint-Martin[2] d’Igé, évêché de Seez, au Perche, avait épousé Louise Mauger, née 1598. Ses enfants se sont répandus à Montréal et à Québec.

Guillaume Grimaud, du pays de Caux, Normandie, arrivé avant 1640, épousa, en 1648, Suzanne Bayeux, de Brouage, en Saintonge.

Nicolas Macart dit Champagne, fils de Thomas Macart et de Marguerite Hardy de Mareuil-sur-Die, en Champagne, arrive avant 1640, se maria (1646) avec Marguerite Couillard, veuve de Jean Nicolet. Au contrat de mariage étaient présents : M. de Montmagny, René et Louis Maheu, cousins de Marguerite Couillard ; Louis Couillard, son frère ; Marie Renouard, femme de Robert Giffard ; Pierre de Launay, commis ; Jean Gagnon, prêtre ; Gilles Nicolet, prêtre ; René Robineau, écuyer ; Nicolas Fromage, sieur de Trois-Monts, et

  1. De 1630 à 1639, on voit figurer à la cour, dans l’intimité de la duchesse d’Aiguillon, M. Chavigny, qui devint ministre d’État.
  2. Ferland, Cours, i, p. 511, et Notes, p. 27, dit « Appenai, au Perche ».