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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

du Hérisson, Jean Nicolet, Sébastien Dodier, Jean Sauvaget, François Marguerie, Guillaume Isabel, Guillaume Pepin, Bertrand Fafard, Pierre Blondel, Jean Poisson, Christophe Crevier.

Qui voudra suivre jusqu’à nos jours la lignée des familles dont nous saluons simplement l’arrivée en ce pays, devra ouvrir le dictionnaire généalogique de M. l’abbé Tanguay. Un poète canadien, M. Louis Fréchette, couronné par l’Académie française, a écrit de beaux vers sur cet ouvrage du savant abbé :

Quand l’Histoire, prenant son austère burin,
Des âges qui s’en vont, sur ses tables d’airain,
  Fixe l’empreinte ineffaçable,
Son œil impartial n’a pas de trahisons,
Mais forcé d’embrasser d’immenses horisons,
  Il néglige le grain de sable.

Le pic au front altier lui cachant le sillon,
Elle n’aperçoit point le timide oisillon
  Qui bâtit son nid dans les seigles ;
Son fier regard, qui va de sommets en sommets,
Toujours tourné là-haut, ne s’arrête jamais
  Qu’à regarder voler les aigles.

Empereurs, potentats, capitaines fameux,
Chefs d’un jour surnageant sur les flots écumeux
  Des déchaînements populaires,
Éclatante victoire ou drame ensanglanté —
Grands hommes ou hauts faits ont seuls droit de cité
  Dans ses annales séculaires.

Quand Turenne, frappé d’un boulet de canon,
Rend l’âme au champ d’honneur, elle redit son nom,
  Et va s’incliner sur sa tombe :
Elle donne des pleurs au général mourant ;
Mais passe sans regret, d’un pas indifférent,
  Devant l’humble conscrit qui tombe.

Les peuples, sous ses yeux, roulent en tourbillon ;
Et comme, lorsque au loin défile un bataillon,
  Les hauts cimiers seuls sont en vue,
Des héros et des grands elle compte les jours ;
Mais des petits, hélas ! oubliés pour toujours,
  La foule est à peine entrevue.

Amant passionné des temps qui ne sont plus,
Quand j’évoque, rêveur, des siècles révolus
  L’image au fond de ma mémoire ;
Ou quand, ceignant le front de nos nobles aïeux
D’un diadème d’or, Garneau fait sous mes yeux
  Surgir tout un passé de gloire ;