Page:Sulte - Histoires des Canadiens-français, 1608-1880, tome III, 1882.djvu/150

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
134
histoire des canadiens-français

d’érable pour emblème national (1836), M. D.-B. Viger s’exprima en ces termes : « Cet arbre qui croît dans nos forêts, sur nos rochers, d’abord jeune et battu par la tempête, languit, en arrachant avec peine sa nourriture du sol qui le produit ; mais bientôt il s’élance, et, devenu grand et robuste, brave les orages et triomphe de l’aquilon. L’érable, c’est le roi de nos forêts. C’est l’emblême du peuple canadien ! » La même année, M. Étienne Parent disait : « La feuille d’érable a été, on le sait, adoptée comme emblème du Bas-Canada. »

Ce même écrivain rétablit le Canadien en 1829 et lui donna pour devise : « Nos institutions, notre langue et nos lois, » résumant ainsi toute la politique qu’il avait embrassée. « C’était là, disait-il souvent, mon étoile polaire, ou, si vous voulez une autre comparaison, mon lit de Procuste : tout ce qui n’entrait pas dans cette mesure, je le repoussais, je le combattais. » Les besoins du temps, en inspirant ce mot d’ordre, venaient de compléter la bannière de la Saint-Jean-Baptiste. En 1880, toute la Confédération réclame le castor et la feuille d’érable. Nous voyons des Anglais qui croient avoir inventé ces emblèmes ! Alors, pourquoi n’acceptent-ils aussi « Nos institutions, notre langue et nos lois » ? On n’est pas Canadien sans cela — et tous les Anglais veulent maintenant être Canadiens.

Il y aurait une jolie étude à faire sur nos fêtes publiques en général ; car les démonstrations et les appels à la gaîté sont toujours les bienvenus parmi nous. En cela, le Canadien est resté absolument Français.

Nous avions autrefois nos fêtes de paroisse, qui ne différaient de la Saint-Jean que par les nombreuses visites que se faisaient les campagnes entre elles. C’était un branle-bas général. La « côte » entière s’en mêlait. Plusieurs « rangs » s’agitaient à la fois. On festoyait à bouche que veux-tu. De vraies saturnales, en plus d’un cas.

Si bien que monseigneur de Pontbriand entreprit (1755) une réforme. Il attaqua aussi les fêtes des corporations de métiers, telles que la Saint-Éloi des forgerons et la Saint-Thibault des charbonniers.

Plus tard (1804), lorsque Mgr Denaut supprima la fête de Beauport, chacun sait le tapage qui en résulta. Une insurrection en règle eut lieu dans une partie de la paroisse. La justice s’en mêla. Ce fut toute une affaire.

Au fur et à mesure que l’occasion s’en présentait, nos évêques abolissaient ces réjouissances. Ce fut Mgr Signaï qui y porta la dernière main, vers 1834, en même temps que M. Duvernay organisait la Saint-Jean-Baptiste.

Peut-être a-t-on essayé, sous le gouvernement français, de nous imposer la Saint-Louis, mais nous n’en avons vu de trace nulle part.

La Saint-Louis a dû être observée par la noblesse française venue en Canada, et même par la noblesse canadienne, qui tenait à la cour de France par ses parchemins ; mais notre peuple, gaulois avant tout, n’a jamais mis le 15 août au niveau de son jour par excellence, la Saint-Jean.

Dans le comté de Terrebonne, vers 1820, la Saint-Louis donnait lieu à une importante