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CHAPITRE VIII

ACADIE


1614-1623 — la colonie laissée à elle-même ; biencourt.

1623-1631 — sir william alexander ; postes français ; latour.

1632-1636 — nouveaux colons français ; razilly.

1636-1645 — rivalité entre latour et d’aulnay.

1645-1650 — la colonie se développe ; d’aulnay.

1650-1653 — latour, denys, le borgne.

1654-1667 — la colonie au pouvoir des anglais.

1668-1673 — la france reprend possession et organise la colonie.




S

oixante ans se sont écoulés depuis que nous avons entretenu le lecteur des événements de l’Acadie[1]. Après avoir raconté ce que le Canada était devenu durant cette période, il est bon de retourner à Port-Royal et de voir naître un groupe d’habitants dont les intérêts se confondront par la suite avec les nôtres, surtout à partir de 1672.

Biencourt était en course dans les bois, l’automne de 1613, lorsque les Anglais ravagèrent Port-Royal. À l’aspect des ruines de ses établissements, ce jeune homme (vingt-deux ans) montra un courage digne de celui de son père. Selon Lescarbot, il aurait fait proposer à Argall un combat singulier, ou entre un nombre pareil d’hommes de part et d’autre. Hannay[2] ne mentionne point ce défi chevaleresque, mais il dit que les deux chefs se rencontrèrent dans une prairie, accompagnés de quelque suite, et que l’offre de Biencourt de diviser la traite entre les Anglais et les Français ne fut pas acceptée. Argall leva l’ancre, emportant son butin. Biencourt rassembla ses gens, fit réunir le bétail qu’Argall n’avait pas vu, constata que le moulin n’avait pas été brûlé, que les terres promettaient une récolte pour l’année suivante, et, sans balancer, fit ses préparatifs d’hivernement. Il fallait vivre de chasse, n’ayant plus de provisions ; mais cette chasse elle-même devint une source de richesse. Grâce aux sauvages,

  1. Voir tomes I, 53, 54, 85, 109 ; II, 42, 43 ; III, 56.
  2. The History of Acadia, St. John, N. B., 1879.