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Page:Sulte - Histoires des Canadiens-français, 1608-1880, tome IV, 1882.djvu/55

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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

trouve de la perte du fonds capital, nous consentons que la dite perte soit prise sur le dixième et jusques à la concurrence d’icelui[1]. »

Il y eut opposition à ces changements du commerce des colonies, de la part de « Charles Houel, conseiller du roi en son conseil, seigneur en partie et gouverneur de la Guadeloupe et autres îles de l’Amérique ; dame Magdelaine Houel, épouse de M. Jean Boschard, seigneur de Champigny, aussi conseiller du roi en tous ses conseils, ci-devant veuve de messire Jean de Boissers ; Charles de Boissers, seigneur d’Herblay, et en partie gouverneur pour le roi des îles de la Guadeloupe, Marie Galande et la Désirade, et M. Jean de Fondras, comte de Cévillac, gouverneur et propriétaire des îles de la Grenade et Grenadines » ; mais, au mois de juillet (1664), les parties s’entendirent, et la compagnie des Indes entra pleinement dans ses nouveaux droits.

Au Canada, les habitudes des marchands et des traiteurs causèrent quelque délai à la mise en pratique du système. Afin d’uniformiser par tout le pays, autant que possible, le prix des marchandises importées de France, le conseil de Québec rendit un arrêt, le 30 juin 1664, ordonnant qu’il serait accordé aux marchands cinquante-cinq pour cent sur les marchandises sèches ; cent pour cent sur les liquides qui auraient le plus de valeur ; cent vingt pour cent sur les liquides qui n’excédaient pas cent livres le tonneau. Cette somme, ajoutée aux prix des factures de France, déterminait le prix de vente dans la colonie. On cite des marchands — Lachesnaye, Latour, Cailteau, La Mothe et la Garenne — qui furent poursuivis et condamnés pour contravention à cet arrêt.

Bientôt les prétentions de la compagnie des Indes se firent jour. Mille-Claude Le Barroys, « conseiller du roi, son premier interprète en langue portugaise et agent général de la compagnie des Indes Occidentales, » demanda et obtint de siéger et avoir voix délibérative au conseil de la colonie immédiatement après l’intendant. Le roi, ayant décidé que la compagnie prélèverait un quart de la valeur du castor et un dixième des orignaux traités par les habitants du pays ou autres Français en dehors de la compagnie des Indes ; de plus, que celle-ci jouirait de la traite de Tadoussac « à condition que les charges du pays de Canada soient par elle acquittées sur le même pied que l’ancienne compagnie (les Cent-Associés) ou la communauté (la compagnie des Habitants) les payait ci-devant, qui montent à quarante-huit mille neuf cent cinquante livres, » M. Le Barroys répondit que ses directeurs avaient dressé un état montrant que ces charges ne s’élevaient qu’à « vingt-neuf mille deux cents livres, qui est la plus grande somme qui ait été ci-devant payée pour les charges indispensables du pays, faisant abstraction des gages de monsieur le gouverneur, dont le roi a eu la bonté de décharger la compagnie, tout ainsi que les autres dépenses qu’il convient faire pour le soutien de la guerre. » Tracy, Courcelles et Talon répondent (11 septembre 1666) qu’il y a, outre la guerre, « la multiplicité des forts qu’il faut entretenir. »

C’était toujours la même situation pour les habitants. On persistait à créer des mono-

  1. Tant que le roi ne songea point à construire Versailles et ses autres palais, il fut très généreux envers la marine. Ce sont les bâtiments de terre qui l’ont ruiné.