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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

de Québec et des Trois-Rivières que partirent les hommes dont il se fit accompagner. Les plus anciens noms connus, à part ceux déjà mentionnés, sont Pierre Roy, François Pelletier, Joseph Parent, Jean Fafard dit Maconce, Louis Normand dit Labruyère, Jean Gauriau, Jean Vessière dit Laferté, Antoine Dupuis dit Beauregard, Pierre Stebe dit Lajeunesse, Jean Casse dit Saint-Aubin, André Bombardier. En 1707, il y avait une chapelle, un magasin, un moulin et des logements pour les colons. Les premières habitations ne se firent point sur le site actuel de la ville, mais un peu à l’ouest, dans le voisinage de la rivière à Parent.

Parmi ceux qui se proposèrent sans retard d’établir un commerce régulier au Détroit, il faut citer le sieur Baby, fils d’un officier du régiment de Carignan, dont la famille a exercé des charges publiques dans cette partie de la Nouvelle-France durant plus d’un siècle et demi. D’autres colons, arrivés aussi dès les premières années du Détroit sont Bienvenu dit Delisle, Michel Campeau, Jacques Campeau, Jacques Desmoulins dit Philis, François Chartin dit Chanteloup, Jacques Hubert dit Lacroix, puis les nommés Langlois, Malette, Massé, Turpin, Marquet, Robert, Bisaillon, Gatineau, Després, Chêne et Saint-Onge.

Il est à remarquer que les pères jésuites du Détroit se consacrèrent, dès les premiers jours, aux soins des Sauvages, tandis que les récollets demeurèrent dans le poste et y remplirent les fonctions curiales.

Au Détroit aboutissait toute la traite du sud-ouest, au delà des lacs qui ne passait point par Michillimakinac pour de là se diriger vers la rivière des Français et l’Ottawa. Encore voyait-on souvent des flottilles partir de Michillimakinac et passer par le Détroit pour descendre à Montréal. Vers 1703 M. Juchereau tenait un comptoir important à l’ouest du pays des Illinois, MM. Boudard et Le Sueur trafiquaient dans le pays des Sioux. Le poste de la baie Verte était aussi un point de repère pour Laforêt, Tonty, Juchereau, Pacaud, tous associés, qui faisaient du Détroit le lieu de réunion de leurs coureurs de bois. Les sauvages domiciliés aux environs du Détroit étaient au nombre de deux mille âmes, parmi lesquels beaucoup de Hurons. Un contrat était intervenu entre les particuliers qui tenaient le commerce et constituaient ce que l’on appelle « la compagnie du Détroit » sous la direction de MM. de Lotbinière et Delino. On y voit mentionnés les nommés Nolan, Arnault, Amyot et Vincelot, outre quelques-unes des personnes citées ci-dessus. Parmi les officiers militaires il y avait le lieutenant Chacornade. M. de Monseignat, établi à Québec, était beau-frère d’Arnault, lequel à son tour était le neveu de M. de Lotbinière, et M. Delino était beau-frère de Nolan. Arnault était l’oncle de M. de Vaudreuil, gouverneur-général. En somme, la tête de la compagnie était à Québec. L’un des employés ou commissaires envoyés au Détroit avant 1704 se nommait Desnoyer. L’autre commissaire, Vincelot, était cousin germain de Pinard, l’un des directeurs. Vincelot était frère d’Amyot. Ce groupe était en antagonisme avec Lamothe-Cadillac, et celui-ci d’autre part luttait contre l’influence des jésuites qui, disait-il, secondaient ses adversaires. Il y avait aussi Radisson, Châtellereault et Demeulles, intéressés dans le parti de M. de Lotbinière, et qui tous paraissent avoir agi très activement dans les affaires du Détroit. Châtellerault et Demeulles étaient parents.