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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

ments de pêche de morue et loup-marin. Le 12 mai, même année, à Nicolas Juchereau, sieur de Saint-Denis, pour et au nom de Joseph Juchereau son fils, une lieue de front sur quatre de profondeur, entre les sieurs de la Bouteillerie et La Durantaye ; c’est la seigneurie de Saint-Denis, située entre celles de la Rivière-Ouelle et Kamouraska. Le 31 mai, à Antoine Caddé, le fief de la Madeleine (comté de Gaspé), situé à la rivière de la Madeleine, au-dessous des monts Notre-Dame[1] ; Caddé mourut sans avoir mis cette terre en valeur, et sa veuve, Charlotte de Lacombe, y renonça en 1689, alors qu’elle fut accordée à Denis Riverin, marchand de Québec, « ayant commencé à faire la pêche sédentaire dans le fleuve Saint-Laurent ». Le 29 août, au séminaire de Saint-Sulpice, « toutes les îles et îlets non concédés qui sont entre l’île de Montréal et l’île Jésus et qui sont plus proches de l’île de Montréal que de l’île Jésus, comme aussi les autres îles et îlets non concédés adjacents, étant dans le contour de l’île de Montréal ». Au mois de mars 1680, est accordée à « Louis Jolliet, demeurant à Québec, l’île d’Anticosty, dans laquelle il désire faire des établissements de pêche de morue verte et sèche, huiles de loups-marins et de baleines et par ce moyen commercer dans les îles de l’Amérique… en considération de la découverte que le dit sieur Jolliet a faite du pays des Illinois dont il nous a donné le plan, sur lequel la carte que nous avons envoyée depuis deux ans à monseigneur Colbert, ministre et secrétaire d’état, a été tirée ; et du voyage qu’il vient de faire à la baie d’Hudson pour l’intérêt et l’avantage de la ferme du roi en ce pays ». Le 29 mai 1680, aux révérends pères jésuites, la seigneurie dite du saut Saint-Louis : « les terres de la Prairie de la Madeleine qui leur ont été ci-devant concédées étant trop humides pour être ensemencées et pourvoir à la subsistance des Iroquois qui y sont établis » ; deux lieues de front à commencer à une pointe qui est vis-à-vis les rapides Saint-Louis en montant le long du lac et tirant vers la seigneurie de Chateauguay, sur pareille profondeur, et joignant aux terres de Laprairie, « ce qui leur donnera lieu non-seulement de retirer les dits Iroquois, mais même d’en augmenter le nombre, et d’étendre par ce moyen les lumières de la Foi et de l’Évangile… permettons à tous ceux qui voudront porter aux dits Iroquois des bagues, couteaux et autres menues merceries et choses semblables, de le faire ; faisons très expressément inhibitions et défenses aux Français qui s’habitueront parmi les dits Iroquois et autres nations sauvages qui s’établiront sur la dite terre nommée le Sault, d’avoir et tenir aucuns bestiaux, et à toutes personnes d’établir aucun cabaret dans le bourg des Iroquois qui sera bâti dans la dite terre ». Le 15 juin, même année, à Charles-Joseph D’Ailleboust, sieur de Musseaux, « les terres qui se rencontreront depuis la rivière du Nord, comprise depuis le bas du Long-Sault (sur l’Ottawa), jusqu’à deux lieues en descendant du côté de Montréal, sur quatre lieues de profondeur » ; c’est la seigneurie d’Argenteuil. Pierre-D’Ailleboust, sieur d’Argenteuil, fils de Charles-Joseph, épousa M.-Louise Denys, laquelle, devenue veuve, passa son titre à sa famille ; vers la fin du dix-huitième siècle Pierre-Louis Panet l’acheta et le revendit au major C. Johnson. Le 4 novembre 1680, Michel Cressé,

  1. Thomas Aubert qui, en 1508, remonta le fleuve à quatre-vingts lieues de son embouchure, a laissé une carte sur laquelle les Monts-Notre-Dame sont figurés.