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Page:Sulte - Histoires des Canadiens-français, 1608-1880, tome VII, 1882.djvu/140

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CHAPITRE X


1705-1784


Tenure seigneuriale. — Peu de colons Anglais. — Agitations politiques. — Acte de Québec. — Invasion du Canada. — Sentiments divers de la population. — Le clergé. — La presse. — Les agitateurs français. — La révolution américaine. — Haldimand. — Emprisonnements. — Les U. E. Loyalists. — Recensement de 1784.


M

urray se montra très favorable au système de tenure des terres suivi en Canada depuis l’origine de la colonie. Il en appréciait les avantages. L’un de ses premiers soins fut de se faire accorder la seigneurie de la Malbaie et d’induire quelques-uns de ses officiers à prendre dans le bas du fleuve de semblables concessions. D’autres achetèrent des seigneuries déjà peuplées et remplacèrent ainsi les Français ou les Canadiens qui, pour une raison ou une autre, voulaient se dessaisir de leurs propriétés. Le gouvernement anglais découragea ceux de ses employés qui demandaient des seigneuries nouvelles, mais il ne put les empêcher d’en acheter toutes formées. La noblesse française était repassée en France et vendait ses terres à ceux qui désiraient rester dans la colonie. Les Vaudreuil et bien d’autres, en agirent de la sorte. Les Anglais facilitaient et l’émigration des familles de cette classe et les achats de terre qui en résultaient. Cependant, la noblesse canadienne ne s’éloigna jamais, et il fallut lui témoigner certains égards en raison de l’influence qu’elle pouvait exercer sur le peuple de la campagne, et bien que sa pauvreté fut un grand obstacle, elle ne se tint pas trop à l’écart des Anglais dans les commencements. Peu à peu, de nouvelles figures apparurent dans l’entourage des gouverneurs ; comme celles-ci n’avaient rien connu des temps de la conquête, elles se montrèrent froides et mêmes railleuses à l’égard des seigneurs canadiens, qui ressentirent vivement cette espèce d’humiliation. L’esprit politique n’ayant pas encore pénétré dans les rangs des anciens seigneurs, ceux-ci ne songèrent pas à lutter contre ces taquineries et se retirèrent pour la plupart sur leurs domaines.