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CHAPITRE I


1736-1749


Du lac Winnipeg aux Montagnes-Rocheuses.


Q

ue ce désastre ait un instant fait chanceler le courage de La Vérendrye, c’est ce qu’il est possible de croire, car une telle perte blessait profondément son cœur et mettait en danger toute l’entreprise des découvertes. Néanmoins, il se releva moralement, et tandis que partaient de Québec des lettres à l’adresse du ministre, écrites contre sa conduite comme chef de traite et directeur de l’expédition du nord-ouest, il prit des mesures pour fonder de nouveaux postes sur la rivière Rouge et l’Assiniboine. Depuis 1733 il était arrêté au lac Winnipeg, terme imposé par le contrat de 1731, ce qui ne paraît pas l’avoir empêché d’explorer le pays au delà, en vue de ses établissements futurs.

De la sortie de la rivière Winnipeg, au lieu de chercher à remonter dans la direction du nord, il longea la côte orientale du lac, se dirigeant au sud, rencontra l’entrée de la rivière Rouge et y pénétra. Les rivières sont des chemins qui marchent, a dit Pascal. Notre découvreur résolut de remonter le cours de celle-ci jusqu’à ses sources[1] qui devaient être, pensait-il, dans la direction de la mer tant désirée. Il n’alla pas loin sans se convaincre qu’elle coulait du sud au nord, mais il trouva du même coup qu’elle recevait les eaux d’une autre rivière venant directement de l’ouest — qui n’était autre que cette fameuse rivière des Assiniboulala, Assiliboilles, Assiniboels ou Assiniboines, mentionnée par les Sauvages et portée autrefois sur la carte de Jolliet, comme située à cent vingt lieues du lac Supérieur, tandis qu’elle en est à deux cents.

La baie du lac des Bois, à laquelle on a donné le nom d’Angle-Nord-Ouest, n’est pas à une grande distance de l’endroit où l’Assiniboine se jette dans la rivière Rouge. Entre ce

  1. Elles sont à une très faible distance des sources du Mississipi