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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

Mississipi. M. Faillon mentionne encore pour ces premiers temps, les élèves dont les noms suivent comme ayant fait leurs classes au petit séminaire de Québec : Augustin Rouer de Villeray, né en 1664, René d’Amour, né en 1660, Augustin Le Gardeur de Repentigny, né en 1663, Pierre Robineau de Becancour, né en 1654, Augustin Le Gardeur de Tilly, né en 1663.

Le roi écrivait à Mgr de Laval, le 9 avril 1667 : « Comme j’ai été informé des soins continuels que vous apportez pour vous bien acquitter des fonctions épiscopales et pour maintenir les peuples dans leur devoir envers Dieu et envers moi, par la bonne éducation que vous donnez et faites donner aux enfants, je vous écris cette lettre pour vous témoigner le gré que je vous en sais, et vous exhorter de continuer une conduite si bonne et si salutaire. » De son côté, Colbert écrivait à ce même prélat, en lui envoyant de la part du roi six mille livres : « Quoique vous fassiez l’une de vos plus importantes occupations de bien faire élever les enfants, permettez-moi de vous supplier d’en user toujours à leur égard avec la même bonté que vous avez fait jusqu’ici, parce qu’il est certain que c’est le meilleur moyen de bien policer la colonie et d’y former des gens capables de servir Dieu et le prince dans toutes les professions différentes où ils se trouveront engagés pendant le cours de leur vie. »

Mgr de Laval établit, vers cette époque, à la ferme de Saint-Joachim, près du cap Tourmente, un pensionnat, écrit M. Ferland, « où les enfants de la campagne, avec une éducation religieuse, recevaient une bonne instruction primaire, étaient formés à l’agriculture ou apprenaient des métiers. Les jeunes gens, ainsi élevés et instruits, prenaient ensuite un rang honorable parmi leurs concitoyens, et se rendaient utiles à leurs familles et au pays. » Un prêtre zélé, M. Louis Ango des Maizerets, arrivé de France en 1663, a laissé son nom à cette école : la ferme des Maizerets. À sa mort, survenue en 1721, il était le plus ancien membre du clergé de tout le pays. Durant plus de cinquante ans, dont trente et un en qualité de supérieur du séminaire, il s’était dévoué à l’instruction de la jeunesse.

Talon s’exprimait comme suit dans son rapport de 1671 : « Les jeunes gens du Canada se dénouent et se jettent dans les écoles pour les sciences, dans les arts, les métiers et surtout dans la marine, de sorte que, si cette inclination se nourrit un peu, il y a lieu d’espérer que ce pays deviendra une pépinière de navigateurs, de pêcheurs, de matelots, d’ouvriers, tous ayant naturellement de la disposition à ces emplois. »

Les filles envoyées de France arrivèrent presque toutes de 1665 à 1675. Celles qui venaient de Paris, principalement des maisons royales de charité, étaient des orphelines appartenant à des parents morts pauvres au service de l’État et plusieurs provenaient de familles d’officiers qui leur avaient procuré une bonne instruction. Elles étaient bien supérieures, sous ce rapport, aux filles de la campagne et leur influence a dû se faire sentir notablement dans leur entourage, c’est-à-dire les villes de Québec, Trois-Rivières et Montréal où elles demeurèrent après leur mariage. « Une chose que nous avons remarquée et qui mérite d’être notée, » dit M. Garneau en parlant de la population du Canada au dix-septième siècle, « c’est qu’un grand nombre de contrats portent la signature des époux et des parents