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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

« Lorsque les premiers établissements se formèrent à la côte de Beaupré, écrit M. Ferland, une modeste chapelle fut bâtie sur le rivage du Saint-Laurent ; ce fut probablement en souvenir du pèlerinage de Saint-Anne d’Auray en Bretagne qui engagea les habitants du voisinage à demander qu’elle fût placée sous le patronage de la bonne Sainte-Anne. Dieu sembla, dès lors, répandre des grâces spéciales sur ceux qui visitaient l’humble sanctuaire. Malheureusement, la chapelle avait été placée trop près du fleuve ; les quelques pouces de terre qui couvraient le roc ayant été emportés par les eaux et par les glaces, il fallut songer à bâtir une église dans un lieu moins exposé aux inondations. M. de Queylus désigna le site de ce nouvel édifice, dans l’automne de 1657, et, dès le printemps suivant, les travaux de construction furent commencés. Terminée en 1660, l’église de Sainte-Anne a été depuis ce temps visitée tous les ans, par de nombreux pèlerins, et les ex-voto qui sont suspendus à ses murs témoignent que la protection de la bonne Sainte-Anne n’a pas été moins efficace au Canada que sur les côtes de l’Armorique. Les anciens missionnaires avaient inspiré aux sauvages une dévotion toute particulière pour Sainte-Anne. Pendant plus d’un siècle, les sauvages chrétiens furent dans l’habitude de se rendre chaque année à Sainte-Anne de Beaupré ; ils y venaient en grand nombre de toutes les parties du Canada pour assister à la fête de la patronne du lieu. »

La Relation de 1667, pages 29-32, rapporte les merveilles qui s’étaient accomplies en ce lieu depuis l’année 1662. En 1685, Mgr de Saint-Vallier disait « c’est un endroit de pèlerinage où l’on va toute l’année. » Cinquante ans plus tard, l’abbé de la Tour en parle dans les mêmes termes. Kalm (1749) raconte que « les équipages des vaisseaux venant de France ou d’autres pays, aussitôt qu’ils ont remonté le Saint-Laurent assez haut pour apercevoir l’église de Sainte-Anne, tirent des salves d’artillerie, en signe de joie, parce que, arrivés là, ils en ont fini avec les dangers de la navigation, les écueils et les bancs de sable. »

Mgr Dosquet retourna en France, l’automne de 1735 ; il se démit de son évêché, à Paris, le 25 juin 1739, en faveur de Mgr de l’Auberivière. À peine arrivé à Québec (août 1740) le nouvel évêque mourut. Son successeur, Mgr Dubreuil de Pontbriand débarqua dans la colonie le 17 août 1741 ;[1] il devait y demeurer dix-neuf ans. La question de la fixation des cures, dit Garneau, était toujours débattue, comme si elle n’eût pas été réglée. Le nouveau prélat était opposé à la fixation. Il écrivit au ministre (1742) que si celui-ci croyait à propos de maintenir la loi, il faudrait y faire diverses modifications. « Ainsi, il ne faudrait point fixer dans la paroisse où un supplément à la dîme était accordé, ni dans celle unie à la voisine ; il faudrait préférer les prêtres français aux prêtres canadiens ; permettre à l’évêque de donner au curé fixe un vicaire, sans qu’il fût tenu d’en dire la raison. » Avec toutes ces modifications, Mgr de Pontbriand ne voyait que treize paroisses dans lesquelles on put fixer, outre celles où on l’avait fait déjà depuis longtemps.

Le registre des professions des jésuites tenu à Québec, nous fournit la liste suivante :

  1. À la page 87 du tome VI nous avons donné la liste du clergé vers cette époque.