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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

portance, savoir : 1. Les écoles et les collèges d’où étaient sortis nos prêtres et nos hommes politiques depuis trente ans au moins ; 2. les écoles nouvelles créées pour instruire nos enfants en français et dans la foi catholique, alors que l’Institution Royale voulait les instruire en anglais et d’après la religion protestante. Il est inutile de dire ici que les écoles « canadiennes » n’étaient pas subventionnées par l’État ! En 1822 la chambre passa une loi favorable aux écoles catholiques et Mgr Plessis travailla avec succès à la faire sanctionner par le cabinet de Londres : c’était la première fois que nous échappions à l’obligation de payer des impôts pour soutenir des écoles organisées contre nous ! Aux yeux d’une certaine presse, nous avons montré dans tout cela beaucoup d’étroitesse d’esprit ! Répondons avec Molière : « Vous êtes orfèvre, M. Josse. »

La session de 1802, ouverte le 11 janvier, close le 5 avril, roula sur la paix en Europe ; la culture du chanvre ; les maisons de correction ; l’impression des règlements de la chambre ; l’entretien des voies publiques ; un projet d’indemnité parlementaire aux députés ; la police des villes ; l’acte de milice ; les cas de convocation extraordinaire de l’assemblée législative.

Celle de 1803, ouverte le 8 février, close le 18 avril s’occupa des sujets suivants : Indépendance des censitaires vis-à-vis des seigneurs ; le gouvernement et le clergé catholique ; l’absence des députés durant la session ; inhumation dans les églises et les cimetières ; guerre avec la France ; loi des suspects ; enrôlement des volontaires.

Il y eut une courte session du 2 au 11 août 1803. La session du mois de mai 1804 fut sans importance. Les députés manquaient presque régulièrement à l’appel. Les élections eurent lieu au mois de juillet 1804 et donnèrent comme résultat dix-sept Anglais et trois Canadiens. Le quatrième parlement s’ouvrit le 9 janvier 1805. La session roula sur les sujets qui suivent : Prisons de Montréal et Québec ; élections contestées ; nouvelles taxes ; droits féodaux ; loi sur le commerce du dimanche ; les fonctionnaires qui sont en même temps députés ; salaire du traducteur français ; navigation entre Montréal et Lachine.

Il y eut, durant cette session, un épisode significatif. Le parti anglais, qui maintenait ses forces dans seize ou dix-sept comtés, croyait le moment venu de frapper un coup. La guerre, rallumée en Europe contre Napoléon donnait lieu à bien des propos, défavorables à l’élément français du Canada : la même chose s’est répétée jusqu’à 1870, chaque fois que la France a tiré l’épée ; les Anglais se montrent toujours antipathiques aux mouvements de la race française. Le calme et la modération de la Gazette de Québec mécontentaient les ultras : ils fondèrent (janvier 1805) le Mercury, une bonne feuille de combat tout à fait hostile aux Canadiens, et destinée à être expédiée par ballots à la chambre des communes, à Londres. Nos députés perdirent patience devant ses attaques. Vers la fin de la session, ils décrétèrent d’arrestation M. Thomas Cary, éditeur propriétaire de ce journal et censurèrent la Gazette de Montréal qui avait parlé avec irrévérence de certaines mesures adoptées par la chambre. M. Cary présenta des excuses à l’assemblée, moyennant quoi on lui rendit sa liberté, mais devenu adroit par suite de sa mésaventure, il construisit un cabinet secret dans sa maison, publia de nouveaux articles plus violents que les premiers, fut