Page:Sulte - Historiettes et fantaisies, 1910.djvu/33

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— Au prochain encan nous verrons s’il n’y aurait pas moyen de se procurer ceci et cela, qui nous manque…

Remarquez que ceci et cela ne manquaient ni dans la demeure que l’on vient de quitter ni dans celle d’autrefois — mais à présent ça manque, quoi.

On va donc acheter les vieilleries pour combler un vide inattendu. Le mobilier va ainsi augmentant et se dépenaillant tant que dure la famille, parceque, règle générale, personne ne veut se dénantir de ses reliques, et aussi parce que tout le monde fréquente les encans.

Pour avoir toujours du neuf, il faudrait trop d’argent, voyez-vous, considérant nos moyens. Lorsqu’il n’y a pas d’encan à l’horizon, les ménagères se rabattent sur les magasins réguliers, et le flambant neuf qu’elles s’y procurent est souvent mal reçu dans la maison. Les vieux meubles font les gros veux aux merveilles de la mode et de l’industrie perfectionnée. Papa et maman tiennent à rester en bons termes avec leur anciens commensaux — les chaises, les bahuts, les tables — aussi ils ne s’empressent pas de multiplier les modèles du jour à côté de ces antiquailles tant aimées. Les encans sont appréciés en conséquence de ce sentiment. Et puis, c’est bien plus drôle que dans les magasins à vitrines pompeuses et à comptoirs vernis ?

Un proverbe qui date de trois siècles au moins nous assure, par exemple, que « en encan se vend autant bran que farine, » mais aucun de nous ne s’applique à lui-même la philosophie d’un dicton populaire. Les autres, à la bonne heure ! qu’ils prennent garde : ils trouvent toujours moyen de se faire mettre dedans !

Ce n’est pas pour dire que l’on rapporte infailliblement de la criée l’objet qui nous attirait tout d’abord. Oh ! non !

Plus d’une fois, tel qui cherchait une marmite est