Page:Sulte - Historiettes et fantaisies, 1910.djvu/34

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revenu avec une pendule. C’était si bon marché — et nous nous en servirons peut-être si elle veut fonctionner. Il n’y a rien à l’épreuve du raisonnement d’une personne dont les intentions sont droites.

Cependant, il est question de retourner à la chasse d’une marmite, c’est une corvée pour le coup. Qu’avait-on besoin d’inventer les marmites ? On s’en serait bien passé ! Le globe terrestre roulait longtemps et en bon ordre avant leur apparition ; il circulera dans l’espace nombre d’années après qu’elles auront disparu, car vous comprenez, elles s’en iront ; ces choses n’ont qu’une durée relative, elles ne sont pas éternelles, la vogue s’en perd petit à petit… Si nous n’achetions pas de marmite ?… Pourtant, il en faut une, sinon deux. Le malheur est qu’on ne sait quoi mettre à la place.


La soupe aux choux se fait dans la marmite,
Dans la marmite se fait la soupe aux choux.


Quelqu’un dira : « Ce n’est pas si poétique que vous croyez. » Je trouve, au contraire, que c’est rempli de charmes. Savoir tirer de toute situation un rire doux et même joyeux n’est pas bagatelle. Ceux qui ont passé par les émotions des encans et des déménagements saisiront, à la simple lecture de ces lignes, l’excellence de mon système philosophique, littéraire et commercial. Les grandes crises des peuples se terminent en chansons — pareillement les maux et tracasseries survenant en l’existence d’un chacun de nous.

Il y a un âge, ou plutôt une époque de la vie, où l’on se plaît à fréquenter les encans. Heureux les mortels à qui ce goût vient tard. Si vous le prenez jeune, il vous dominera jusqu’au tombeau.