Page:Sulte - Mélanges historiques vol. 06, 1918.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
102
les forges saint-maurice

obtenait des forces motrices pour les souffleries du haut-fourneau, celles de la fonderie et la forge du marteau mécanique. Il n’y avait pas de laminoir, que je sache. La soufflerie était à air froid, ce qui donne les meilleurs résultats, mais la fonte du métal s’opère plus lentement qu’avec l’air chaud. La nature du fer de Saint-Maurice est la malléabilité, la souplesse ; il se plie aisément ; l’air chaud de la soufflerie le rend cassant.

Aux forges Saint-Maurice on ramassait, je ne sais où, un certain sable indispensable pour la première coulée. Il fallait aussi casser en petits morceaux très menus un calcaire particulier pour servir de fondant. Avec cela n’oublions pas le charbon de bois qui joue un rôle marquant dans les hauts-fourneaux. Voici en quoi consiste la production de cet élément. Les charbonniers coupent du bois dans la forêt, l’apportent à la « vente » qui est un endroit choisi par le chef de la bande à cause des conditions que ce travail exige, et l’on empile les rondins d’après une méthode, toujours la même, de manière à former une construction remplie de vides en tous sens, haute et large comme une maison d’un étage ou un étage et demi. Le tout est recouvert d’écorce le plus hermétiquement possible. Alors on allume le feu et le bois cuit à l’étouffé durant plusieurs jours. Les hommes sont attentifs à suivre les progrès de la température intérieure sur le bois qui sèche ; pour cela on enlève les écorces à tour de rôle, afin de constater l’état des choses ; on gouverne le foyer pour qu’il fournisse une chaleur intense sans communiquer le feu à l’édifice. Lorsque tout est cuit à point, il ne reste du bois que le charbon et celui-ci est léger comme une plume, selon le terme adopté.

Le naturaliste suédois Peter Kalm qui visitait le Bas-Canada en 1749 était aux Trois-Rivières le 3 août de cette