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les forges saint-maurice

ayant chacune à sa tête un homme expert ; c’est même faute d’avoir sous la main de tels artisans que l’on tâtonna une dizaine d’années en perdant beaucoup d’argent. Supposons la mine mal lavée, le charbon imparfait, le fourneau défectueux, les « charges » irrégulièrement servies, la gueuse est mauvaise et c’est à recommencer. Ensuite, le moulage des poêles, des chaudrons étant inégal ou fautif sous quelque rapport, il en résulte des pertes de toutes sortes, tant pour la main d’œuvre que pour la vente. La création d’un tel établissement, vu l’ensemble des choses dans la colonie, était des plus difficiles. On avait beau s’en tenir aux ouvrages qui sont au bas de l’échelle dans l’exploitation de ces produits, les obstacles restaient nombreux et parfois formidables. La disparition d’un seul ouvrier, par suite de décès ou autrement, paralysait tout le système. C’était bien pis, dans les commencements, lorsque les spécialistes manquaient, car le pays n’en fournissait pas. Et comment ajouter, par exemple, une forge ou fabrique de fers ronds lorsque déjà on avait tant de peine, sans profit, à faire les barres ordinaires. Et les aciers dont la trempe est de toute importance, ne pouvaient pas sortir de la fonderie ou des ateliers qui martellent sans polissage les pièces destinées aux charrons et aux autres constructions. Je me demande si l’on faisait des clous autrement que pour les besoins strictement locaux. Enfin, ce qui paraît bien certain, c’est que les poêles, les marmites et le fer en barres constituaient la principale production de l’établissement[1].

À l’aide du gros ruisseau qui saute en descendant la pente des forges pour tomber dans le Saint-Maurice, on

  1. Le 5 mai 1745, on voit dans la correspondance du ministre de la marine à Hocquart, que les Forges fournissent des clous à la France. De nouvelles commandes sont données.