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PAPINEAU ET SON TEMPS

Lorsque la chambre fut dissoute, en 1804, il ne voulut pas y rentrer cette fois encore, à cause de l’état de ses affaires personnelles, qu’il avait négligées pour servir le public.[1] Mais en 1810, voyant que le gouverneur James Craig était déterminé à écraser les Canadiens, il se fit élire à Montréal-Est, et reprit la direction qu’il avait eue autrefois. Toutes les difficultés paraissant aplanies en 1814, il se retira définitivement et vécut encore de longues années entouré du respect universel.

La seigneurie de la Petite-Nation avait été concédée à Mgr de Laval le 27 novembre 1674, mais était restée en bois debout jusqu’à 1802, alors que Joseph Papineau l’acheta du séminaire de Québec.[2] On a prétendu que c’était l’une des plus anciennes seigneuries du Canada, mais au contraire c’est la plus récente. Les deux Papineau y travaillèrent pour s’en faire un gagne-pain et vraiment, avant 1850, elle ne rapportait guère, de sorte que Joseph Papineau mourant à Montréal le 8 juillet 1841, n’en avait encore tiré que peu de chose. Il s’y était établi, en 1810,[3] et commença à y attirer des colons de sa race. Il était le seul Français fixé sur l’Ottawa ; car les Irlandais n’apparurent dans

  1. C’est alors qu’il commença l’exploitation de sa seigneurie de la Petite-Nation, tout en habitant à Montréal une maison sise rue Saint-Paul, dont l’arrière touchait à la maison paternelle des Papineau, sur la rue Bonsecours, occupée par son fils Louis-Joseph, L.-O. David, les Deux Papineau, p. 34.
  2. Il la paya en partie en honoraires et en services professionnels. Le titre de la seigneurie de la Petite-Nation accordé en 1674 n’est pas dans le recueil des titres seigneuriaux publié par le gouvernement canadien en 1852, mais il a été fourni par M. Higginson, registrateur du comté de Prescott. Alexis de Barbezieux, Histoire de la province ecclésiastique d’Ottawa, I, 70.
  3. C’est plutôt 1814. Quoi qu’il en soit, il eut toujours un domicile à Montréal où il passait la rude saison.