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PAPINEAU ET SON TEMPS

groupe, dans le monde entier, qui possédât la juste conception de la manière d’administrer les colonies à cette époque.

La question coloniale, telle qu’on la comprenait il y a un siècle et plus, est très peu connue de nos jours, du moins en Amérique, car l’Europe est encore encroûtée dans les idées du temps de Christophe Colomb et elle nourrit ces faux principes avec une persistance inconcevable. Le Royaume-Uni de la Grande-Bretagne, Écosse et Irlande, était de beaucoup en avant de toute l’Europe dans l’art de se gouverner ; cependant, il était comme toute l’Europe dans l’ornière des préjugés dès qu’il s’agissait des colonies.

Les Canadiens du temps de Louis XIV n’avaient aucun désir de se gouverner eux-mêmes, ayant toujours été soumis au régime de la monarchie absolue, où le roi est propriétaire de tout. Il nous venait de France une dizaine de fonctionnaires qui faisaient la pluie et le beau temps, puis on les remplaçait par d’autres, et plus on changeait le personnel, plus c’était la même chose.

Le système anglais que l’on nous imposa tout d’abord ne différait guère de celui des Français ; par conséquent les Canadiens ne virent rien de neuf dans l’administration nouvelle, sinon le côté commercial.[1]

Vers 1768, il y avait à Montréal et à Québec quelques Anglais que cet état de bêtes de somme

  1. Voir Mélanges historiques, vol, 5, p. 81-97, sur les sentiments des Canadiens de 1760 à 1763. Le conseil, de 1763 à 1773, ne renferma aucun catholique. En 1773 les nobles pétitionnèrent demandant qu’on augmente le conseil en leur y donnant une juste part et que l’on rappelle cette partie de la proclamation de 1763 qui établit les lois anglaises seules.