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PAPINEAU ET SON TEMPS

d’une vingtaine de conseillers pris dans la colonie et nommés par lui.

Le conseil de Québec, qui existait du temps des Français, ressemblait sur presque tous les points à celui de 1774. Nous étions en progrès en ce sens que, de 1760 à 1774, nous n’avions pas eu de conseil du tout, mais deux excellents gouverneurs : Murray et Carleton ;[1] en le rétablissant nous faisions un pas vers le « self-government », un pas de coq.

L’agitation de Delisle, Powell, Adhémar, Ducalvet, Papineau, de 1780 à 1790, portait, nous l’avons dit, sur la nécessité d’avoir une chambre élue par le peuple.[2] Lorsque nos pétitions arrivaient au pied du trône, les ministres avaient le cœur gonflé de chagrin. « Ces pauvres colons, disaient-ils, sont des enfants qui demandent à jouer avec des armes dangereuses ; il faut les détourner de ce projet, car nous ne voulons que leur bien-être. » Et, en effet, ils étaient tous enclins à se conduire envers nous comme de bons pères de famille ; seulement, ces sortes de pères ne donnent pas d’ordinaire une éducation pratique à leurs fils.

La preuve de la candeur des ministres de George III est tellement facile à faire que je ne comprends pas les écrivains d’à présent qui les qualifient de tyranneaux et de despotes. Ces écrivains s’imaginent que, en 1780, en Europe, on pensait comme l’on pense en Amérique aujourd’hui.

  1. Les conseillers de Carleton approuvés par le roi en 1768 étaient : William Hey, juge en chef non susceptible de remplacer le gouverneur par intérim ; Hector-Théophile Cramahé, James Goldfrap, Hugh Finlay, Thomas Mills, Thomas Dunn, Walter Murray, Samuel Holland, Francis Mounier, Benjamin Price, Colin Drummond.
  2. Voir Mélanges historiques, vol. 7, p. 90-93 sur l’agitation de Ducalvet.