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PAPINEAU ET SON TEMPS

Mettez la France à la place de l’Angleterre en 1780, et figurez-vous comment nos pétitions auraient été reçues ! On aurait d’abord promulgué un édit royal contre l’esprit de révolte et proféré des menaces terribles contre les chefs de la « conspiration ». Puis des surveillances, des actes de contrainte, des abus de pouvoir à tout moment pour lasser le courage des « patriotes » ; car le mot patriote était en horreur au roi et à sa cour. En Espagne, en Portugal, même situation. Le temps a beau s’écouler, l’exemple du Canada et de quelques autres colonies anglaises ne fait pas ouvrir les yeux aux gouvernements de l’Europe. Ceux-ci ne sont pas même aussi avancés que l’était le cabinet de Saint-James en 1770, alors que nous le regardions comme infiniment arriéré.

À force d’entendre bourdonner à ses oreilles les plaintes des Canadiens, William Pitt présenta en 1791 un bill qui accordait au Canada un régime, copié sur la constitution anglaise, affirmait-il, — et il croyait que c’était une vraie copie, sauf de légères variantes que nous allons examiner. On nous donnait un conseil exécutif et un conseil législatif, nommés par la couronne ; plus une assemblée législative élue par le peuple.

En Angleterre, le conseil exécutif ou ministère est choisi par les Communes ou assemblée législative, responsable à cette assemblée et ne tient son existence que d’elle. Au Canada, l’assemblée n’avait aucune prise sur les ministres.

En Angleterre, le conseil législatif ou chambre des lords est formé par droit d’hérédité et se compose des premières familles du pays sous le rapport de la richesse et des influences de tous genres. Au Canada, ce conseil