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PAPINEAU ET SON TEMPS

II


Si le Canada eut appartenu à l’Espagne ou à la France, nous n’aurions pas eu les luttes pour la liberté politique qui impriment une si noble attitude à notre histoire durant la longue période de 1774 à 1850.

Sous le mot Canada, nous embrassons ici les quatre provinces confédérées en 1867, Québec, Ontario, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse, car elles ont eu chacune une existence à peu près semblable avant l’heure de la Confédération, mais le Bas-Canada fut le berceau de la liberté.[1]

Commencées par la France et retenues sous son contrôle de 1604 à 1760, ces quatre colonies, à l’exception de l’Acadie ou Nouvelle-Écosse, qui fut abandonnée en 1713, n’ont rien connu de la liberté politique.

Le roi était propriétaire du sol, des bois, des eaux, des bêtes et des gens ; il en disposait à volonté, et ceci est tellement le cas que le peuple cédé par un souverain à un autre souverain changeait de joug avec la passivité, l’obéissance aveugle, la soumission inerte du bœuf de labour, sans éprouver ni tristesse ni regret, faute de culture intellectuelle. L’homme qui n’a pas joui de la liberté dans l’ordre social ne l’envie point,

  1. En 1758, à la Nouvelle-Écosse, on élit vingt-deux conseillers. L’autre chambre, la haute, était un conseil de douze hommes. Ce gouvernement dura jusqu’à 1836, alors que parut Joseph Howe ; c’est le point tournant. Canada : an Encyclopedia, V, 416, 417. En 1785 on ajouta, dans le Nouveau-Brunswick, une chambre élective au conseil des douze qui existait déjà. Cela dura jusqu’en 1832.