Aller au contenu

Page:Sulte - Mélanges historiques vol. 13, 1925.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
37
PAPINEAU ET SON TEMPS

avec nos sujets du Canada, les Iroquois ne parlent pas français : il faut que cela change. »

On a vu en 1772 et en 1792 des membres de la chambre des Communes mécontents de ce que les Canadiens n’étaient pas devenus Anglais ; mais, comme le roi de France, ils négligeaient de se rendre compte des événements et traitaient une affaire de cette importance avec la naïveté d’un enfant.

Peu après la cession du pays, les Canadiens apprirent que la monnaie de carte et les billets d’ordonnance étaient répudiés par le trésor français. « Cette nouvelle, dit Garneau, fut comme un coup de foudre pour ces malheureux, à qui l’on devait plus de quarante millions de francs ; tous étaient créanciers de l’État. Le papier qui vous reste, écrivait le chevalier de Lévis au ministre, est entièrement discrédité et tous les habitants sont dans le désespoir ; ils ont tout sacrifié pour la conservation du Canada ; ils se trouvent actuellement sans ressources ».

Le roi d’Angleterre insista auprès de Louis XV pour le paiement de cette dette à la fois nationale et d’honneur, mais après plusieurs années de sollicitation et d’insuccès, il abandonna la partie.

Du côté de la France, rien n’éveillait plus l’espoir. Mettons-nous un instant à la place de nos pères en ce moment solennel. N’ayant jamais connu que l’administration française, ils n’en voyaient pas les défauts, puisque les termes de comparaison leur manquaient. Tout les invitait à regretter un état de choses que leurs descendants aujourd’hui ne voudraient pour rien au monde voir recommencer.

Avec la perte du drapeau français, ils pensaient avoir tout perdu : ils avaient tout gagné. Le poète