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Page:Sulte - Mélanges historiques vol. 13, 1925.djvu/43

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PAPINEAU ET SON TEMPS

Voici un passage du discours de Louis-Joseph Papineau prononcé à l’Institut Canadien de Montréal le 17 décembre 1867 — qu’il importe de lire :

« Le bill de 1774 et les opinions des officiers en loi de la couronne avaient enfin reconnu que, aux termes de la capitulation et du traité de paix de 1763, et même d’après les seuls principes du droit public de l’Europe chrétienne, il n’aurait jamais dû y avoir, pour un nouveau sujet, d’incapacité à l’exercice d’aucun emploi public, à raison de son catholicisme, et qu’en Canada tous les sujets étaient de plein droit sur un pied de parfaite égalité. L’oligarchie coloniale n’en continuait pas moins à demander le système représentatif avec droit d’éligibilité pour les protestants seuls. Les Canadiens le demandaient pour tous sans distinction de culte ni d’origine. Ils étaient dans le vrai. Les hésitations des cabinets anglais duraient depuis plusieurs années, laissant tout ici dans la souffrance et le désordre. Elles eussent duré plus longtemps sans la révolution française qui, en un instant, ébranle et déracine la plus ancienne et la plus forte monarchie du monde, disperse sa vaillante noblesse et soulève de toutes parts le flot populaire autour d’elle. La consternation est dans toutes les cours et l’épouvante chez tous les nobles, chez ceux de l’Angleterre plus qu’ailleurs, parce qu’ils sont plus éclairés et plus réfléchis. L’effroi que répandent les principes de l’Assemblée Nationale a des effets plus salutaires que n’en avaient produits la déclaration d’indépendance (1776). On fait mine de se convertir, si l’on ne se convertit pas sincèrement. Le danger étant devenu plus grand en se rapprochant, on est plus libéral en 1789 qu’en 1776 et l’on accorde enfin