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Page:Sulte - Mélanges historiques vol. 13, 1925.djvu/45

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PAPINEAU ET SON TEMPS

serviteurs, dans ces bourgs si justement nommés « pourris », patrimoines de leurs familles dans le passé et dans l’avenir.

« On préparait donc sciemment, ou plutôt on organisait artistiquement l’animosité entre ces deux corps. Elle ne s’est pas ralentie un instant tant qu’ils ont été en présence. L’histoire de ce que fut ce régime de gouvernement a été tracée à grands traits par lord Durham. Il est loin de rendre justice à la libéralité des représentants, mais il fait justice de l’arrogance et de l’illibéralité des conseils et des pactes de famille dans l’une des provinces, et des conseils et de l’oligarchie dans l’autre. »

Ce résumé des affaires politiques de 1774 à 1837, fait par l’homme qui avait pris part à presque toutes ces luttes, est assez original ; mais il devrait nous dire que les idées répandues alors en Europe étaient de beaucoup plus arriérées que celles des ministres de Londres, whigs ou tories. Papineau n’a jamais cessé d’être un peu comme en 1807 et 1837 : deux crises qui l’ont vivement impressionné. Nous allons dire un mot là-dessus, puisque nous causons sans programme arrêté.

De tout temps, depuis 1807, on a vu des Canadiens pousser le zèle national jusqu’à attaquer les Anglais. Est-ce que les Anglais peuvent changer notre situation ? Et nous, qui sommes le petit nombre, qui avons besoin de tout le monde pour vivre, pourquoi travailler à susciter contre nous des animosités ? Chacun de nous est libre de faire son chemin comme il l’entend. Les Anglais ne nous ont que rarement gênés. Même dans nos luttes politiques, il y avait de notre côté des Anglais de poids qui se sont admirablement comportés.