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Page:Sulte - Mélanges historiques vol. 13, 1925.djvu/49

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PAPINEAU ET SON TEMPS

criaient aux quatre vents du ciel. Enfin, en 1789, la révolution française éclata, créant une immense sensation dans tous les cabinets de l’Europe. Les ministres de George III se dirent que l’Acte de Québec de 1774 avait fait son temps.

Pitt proposa d’accorder au Canada une constitution libérale, selon le vœu des habitants de cette colonie. On sait que sa copie ne ressemblait à l’original que de loin ; pourtant rien d’aussi favorable n’avait encore été accordé à aucune colonie, sauf le Massachusetts, un siècle auparavant.

Lorsque la colonie est gouvernée par un cabinet (conseil exécutif) responsable au peuple, elle se trouve absolument libre de ses actions et n’a pas à craindre d’avoir à lutter contre un parti qui représente la mère-patrie comme c’était le cas en 1818.

Expliquant le bill de 1791 pour la division du Canada en deux provinces séparées, Pitt déclara que son intention était d’assimiler les Canadiens à la langue, aux mœurs, aux habitudes et, par-dessus tout, aux lois et à la constitution de la Grande-Bretagne.

M. Lymburner, de Québec, se trouvait alors à Londres. Il était contre la division en deux provinces.[1] Il fit observer au premier ministre que l’assimilation des deux races serait empêchée par l’établissement

  1. Il comprenait l’illogisme du système de Pitt. Mais en 1822, M. Lymburner sera contre l’union des deux provinces, et dira que la séparation a fortifié des habitudes et des intérêts distincts et donné naissance à deux législations différentes. Ce qu’il voulait, en 1791, ajoute-t-il, « c’était d’amalgamer les deux nationalités ; on les a séparées — ce fut une erreur — maintenant il faut laisser les choses comme elles sont. »

    Le parti anglais exclusif avait toujours demandé l’union, depuis au moins 1799, pour noyer la population française. L’Angleterre n’envoyait que peu de colons et les isolait des Canadiens. Voir Mélanges historiques, vol. 2, p. 124-40.