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AVANT-PROPOS

rassés, faute d’éducation politique, puisque le régime français n’admettait rien de cela. Plus tard, on nous offrit une législature. Personne n’ouvrit la bouche pour l’accepter. Tant mieux. La génération qui suivit demanda une chambre populaire et elle l’eut en 1791 ; elle n’était point parfaite, bien que calquée sur celle de la Grande-Bretagne, et ne donna guère de contentement.

L’Europe marchait clopin-clopan. Les déchirements politiques qui s’y succédaient n’instruisaient personne. Le sentiment démocratique, qui paraît avoir commencé dans les masses dès les premiers rois, avait toujours eu des formes vagues, indéfinies, plutôt révolutionnaires que raisonnables. Ce sentiment n’était pas encore formulé dans son sens réel en 1800 et même plus tard, et c’est en Angleterre que l’on parvint à lui donner une marche régulière. Au lieu d’un roi responsable à Dieu et de ministres responsables au roi, ce qui ne voulait rien dire, on eut des ministres dépendants du peuple et le roi obligé d’accepter ces ministres.

En 1820 l’Angleterre et le Canada étaient gouvernés de la même façon, mais l’Angleterre plus mal que le Canada, parce que son administration étant ancienne les abus s’y étaient accumulés hors de proportion avec ce que l’on voyait dans la colonie qui commençait à vivre politiquement. En Angleterre, comme ici, on réclamait des réformes, sans cependant dire de quelle manière il faudrait s’y prendre pour les réaliser. La cause du mal résidait dans ce fait que le roi et son entourage gouvernaient en opposition aux Communes. Les whigs ou libéraux n’avaient pas encore découvert la vérité ; celle-ci n’éclata point, mais