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Page:Sulte - Mélanges historiques vol. 13, 1925.djvu/62

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PAPINEAU ET SON TEMPS

Le bill donnait au Bas-Canada une représentation beaucoup plus faible qu’au Haut-Canada. Il conférait à des conseillers non élus par le peuple le droit de prendre part aux débats de l’assemblée législative. Il abolissait l’usage officiel de la langue française et limitait la liberté religieuse et les droits de l’Église catholique. Il restreignait aussi les droits des représentants touchant la disposition des impôts. Cette loi paraissait dictée par l’esprit le plus rétrograde et le plus hostile.

Il était évident que tout avait été tramé dans le Bas-Canada car on ne pouvait supposer que le parlement ou le ministère britannique eussent trempé dans une pareille combinaison sans y avoir été conduits par leur confiance dans le gouvernement de la colonie. La plupart des Anglais du Bas-Canada se disaient assez favorables à l’union mais tous rejetaient le bill comme mal conçu et renfermant de criantes injustices.

Dans le Haut-Canada, on pétitionna vigoureusement contre le bill. Dans l’assemblée législative il n’y eut que trois voix pour l’union ; au conseil il y en eut six. L’opinion publique pesait évidemment sur les deux chambres.

La Compagnie du Nord-Ouest, qui jouissait de beaucoup d’influence à Londres, voulait l’union. Ses directeurs en Canada étaient MM. Richardson[1] et McGill, deux chefs exagérés du parti anglais. Ellice avait été commis dans leur maison, puis étant passé aux Antilles il y avait épousé une fille du comte Grey

  1. L’honorable John Richardson, membre du conseil législatif, déclarait en plein conseil en 1820 que les députés canadiens-français voulaient tenter un coup d’état et mettre l’un des leurs à la place du gouverneur !