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Page:Sulte - Mélanges historiques vol. 13, 1925.djvu/64

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PAPINEAU ET SON TEMPS

les démonstrations publiques et se déclara contre l’union. Comme la chambre basse il envoya son adresse à Neilson et Papineau pour la faire parvenir au roi, aux lords et aux Communes. Dans ce conseil, Richardson, Ryland, Grant, Irvine, Roderick Mackenzie et Felton avaient lutté contre l’adresse. Neilson et Papineau arrivèrent à Londres pour apprendre que le ministère ne poussait pas le bill.

Papineau dit qu’il se trouva en présence « d’un ministère tory, conservateur et absolutiste qui lui fit un accueil bienveillant et lui témoigna une honnête déférence. » Il ajoute que lord Bathurst lui demanda vingt-cinq ans de patience pour amener la transformation politique que Papineau désirait.

Lord Bathurst s’appuyait sur la croyance assez générale alors que la démocratie amènerait vers 1840 des déchirements aux États-Unis et que les régions voisines du Canada reprendraient le drapeau anglais, ce qui ouvrirait une nouvelle ère coloniale propre à l’accomplissement des désirs de Papineau. Par exemple, on accorderait au Canada un gouvernement à lui, et en donnant, comme contrepoids à l’élément populaire, une chambre héréditaire. Sur ce point le ministre expliqua que si la création d’une aristocratie n’avait pas encore été tentée en Canada, c’était à cause de la pauvreté des gens — argument que Fox amenait contre le même projet de Pitt en 1791. Mais, à entendre lord Bathurst, on pourrait former de grands propriétaires fonciers, qui deviendraient bientôt riches avec l’aide d’une immigration intelligemment dirigée. Papineau était accessible à de semblables vues et l’on pensait peut-être qu’il y aurait eu moyen de le tourner en faisant miroiter devant lui la perspective