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Page:Sulte - Mélanges historiques vol. 13, 1925.djvu/65

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PAPINEAU ET SON TEMPS

d’une élévation que toute sa nature était préparée à recevoir. On se trompait.

Il résulte de ce qui précède et de bien d’autres sources de renseignements, que le plus complet malentendu régna dans les conseils de George III, George IV et Guillaume IV au sujet de l’administration du Bas-Canada, aussi bien que pour le Haut-Canada, c’est-à-dire de 1791 à 1837. Avec la reine Victoria,[1] on commence à voir que les ministres sont accessibles à certaines explications et, par la suite, ils deviennent de plus en plus ouverts et comprennent enfin ce que leurs prédécesseurs s’obstinaient à méconnaître.

Le croirait-on ! l’un des hommes qui conserva le plus longtemps les vieux préjugés à cet égard fut Gladstone. En 1868, il expliquait au parlement que par nécessité, le pouvoir impérial avait dû, depuis 1791 jusqu’à ce dernier moment, concéder par bribes et fragments le « self-government » à plusieurs colonies, et que, par conséquent, la séparation était devenue complète, qu’il ne fallait pas songer à retenir l’amitié de ces États devenus indépendants car, disait-il, « leur premier instinct est de se dérober à notre contrôle »… et il concluait, comme vous le savez, en demandant que l’on retirât les troupes anglaises de la confédération canadienne. Il était loin de prévoir ce qu’il a vu avant que de mourir : les principales colonies de la

  1. Le 24 mai 1900, le reine Victoria entrait dans sa quatre-vingt-deuxième année. Elle était la doyenne des souverains d’Europe. Le Journal des Débats, de Paris, disait en 1838 : « On ne considère pas comme très solide la santé de la jeune souveraine et l’on craint en général que son règne ne soit pas de longue durée. » On a dit qu’avec la reine Victoria s’ouvre l’ère des libertés politiques, mais l’agitation en faveur des réformes datait de cinquante ans dans la chambre des Communes.