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Page:Sulte - Mélanges historiques vol. 13, 1925.djvu/68

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PAPINEAU ET SON TEMPS

III


Nous avons dit que l’année 1807 fut le point de départ de beaucoup de malentendus, à cause des deux hommes qui accentuèrent les difficultés comme à plaisir : le gouverneur sir James Craig et son secrétaire Ryland. Celui-ci exerçait les fonctions de secrétaire des gouverneurs depuis 1792. Il était homme de talent, de bonne société. Sa conception des colonies était que tous les pouvoirs sont localisés dans la personne du roi et que le gouverneur délégué par le souverain détient pareillement ces pouvoirs et privilèges. C’est du Louis XIV pur. Il voulait abolir la chambre d’assemblée et le conseil législatif, ne gardant autour du gouverneur qu’une douzaine de personnes, sans lien avec la population canadienne, pour mener les affaires, avec des employés anglais uniquement. En somme, c’est le régime français tel que nous l’avions subi durant six quarts de siècle.[1]

Le juge en chef Jonathan Sewell partageait les mêmes vues. Le groupe des fonctionnaires pensait de la même façon. Aucun gouvernement n’avait adopté cette politique, de sorte qu’elle dormait dans la tête de ses auteurs.

L’automne de 1807, le gouverneur sir James Craig arriva pour prendre la direction de la province. Dès le lendemain, on savait qu’il allait écraser tout le

  1. Ryland déblatère contre les Canadiens de la même façon que le faisait le parti anglais du Canada en 1774.