Aller au contenu

Page:Sulte - Mélanges historiques vol. 13, 1925.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
69
PAPINEAU ET SON TEMPS

monde, « afin, disait-il, d’avoir la paix dans le pays ». Ryland avait rencontré son « alter ego ». Tous deux s’unirent pour envenimer les sujets d’irritation qui préoccupaient déjà l’esprit public. Il se forma autour d’eux une clique qui continua de se donner le nom de parti anglais, exprimant par là son désir de refouler les Canadiens et de les chasser de partout.

Sir James Craig avait été choisi comme gouverneur du Canada parce que la guerre menaçait d’éclater entre les États-Unis et l’Angleterre. Dans ces conditions, il devait s’assurer de deux choses essentielles : les ressources du pays et la bonne volonté de la population. Il ne fit ni l’un ni l’autre. Toute sa pensée se concentra dans l’assujettissement des Canadiens. Il activa le feu déjà allumé et fit naître de nouveaux embarras. Il n’est pas possible d’errer plus complètement. Ses vexations servirent à prouver que les Canadiens n’étaient pas des rebelles, puisque, aussitôt qu’il eût décampé, la population se leva comme un seul homme pour repousser les Américains.

Si Craig eût été gouverneur en 1812, les Canadiens se seraient déclarés neutres entre les belligérants, tant cet officier avait paralysé le bon vouloir du peuple. Il a failli perdre le Canada, et son secrétaire Ryland doit porter une large part du blâme de l’histoire.

La chambre offrait alors de payer toutes les dépenses civiles. Cette mesure effrayait les conseillers du gouverneur qui, plus que personne, en ressentaient les conséquences ; car c’était leur enlever le maniement des deniers publics et par là le patronage. Ryland, l’âme de toutes les combinaisons imaginées contre l’influence des Canadiens, crut pouvoir parer le