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Page:Sulte - Mélanges historiques vol. 13, 1925.djvu/73

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PAPINEAU ET SON TEMPS

croyait susceptibles de se laisser conduire dans le sens indiqué par le gouvernement. La nouvelle chambre aurait dû lui ouvrir les yeux ; il n’y vit que des idées mal conçues et de nouveau fit un appel au peuple. Cette fois il ne pouvait s’y tromper : la masse des électeurs repoussait sa politique. Il renvoya la chambre aux électeurs et reçut encore un démenti éclatant. Tout cela à la veille des hostilités avec nos voisins.

Les deux Papineau entrèrent dans l’arène politique durant cette crise. Par bonheur, ils avaient assez de patriotisme pour combattre ce gouverneur étrange et ne pas perdre de vue les dangers de l’invasion américaine.[1]

La chambre ayant été cassée pour la troisième fois, Craig commença à se douter que les « morceaux en étaient encore bons », d’après le mot énergique d’un député, et il envoya Ryland en Angleterre, en mai 1810, pour se faire accorder la suppression de ladite chambre et autres changements, comme, par exemple, de prendre la direction du clergé catholique en faisant de l’évêque un employé du gouvernement.

Sir Robert Peel paraît n’avoir fait à Ryland qu’une seule réponse, verbale et sans gêne : « Les Canadiens forment l’immense majorité de la population ». L’émissaire de Craig ne comprit pas. Il retourna au bureau colonial un mois plus tard et entama le même sujet. Peel, une seconde fois, lui répondit : « Les Canadiens forment l’immense majorité de la population ». Trois mois après, dans un dîner, les deux hommes se rencontrèrent et Ryland amena la conversation sur

  1. Mais vingt-cinq ans plus tard, Louis-Joseph Papineau deviendra annexionniste.