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Page:Sulte - Mélanges historiques vol. 13, 1925.djvu/72

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PAPINEAU ET SON TEMPS

Constitution de l’Angleterre, publié à Amsterdam en 1771.[1]

Sir James Craig méditait un projet qu’il croyait de nature à affirmer son ascendant sur l’esprit de la population : c’était la suppression du seul journal publié en langue française à Québec. Le 17 mars 1810, une escouade de soldats saisit la presse du Canadien et MM. Bédard, Taschereau, Blanchet, Borgia, tous membres de la chambre, et autres rédacteurs, furent arrêtés comme propriétaires rédacteurs de ce journal. Joseph Papineau eut avec sir James Craig une longue conférence au sujet de leur emprisonnement et ne put rien gagner sur l’esprit arriéré du général, qui le quitta en disant : « le peuple apprendra que ce n’est pas à la chambre de gouverner le pays ». On sait que non seulement les prisonniers furent libérés sans procès, lorsque le gouverneur se vit blâmer par le ministre des colonies, mais encore ils reprirent leur carrière politique avec plus de vaillance que jamais.

Sir James Craig s’était fait rendre compte des griefs dont la chambre élective demandait le redressement, et il était décidé à agir de rigueur sur chacun de ces points. Ainsi, il prétendit que les juges et autres fonctionnaires pouvaient être élus par le peuple et former partie des deux assemblées aussi bien que du conseil exécutif. Sur la question des finances, il fut intraitable. Enfin, il voulait donner une leçon à la chambre populaire, et il en proclama la dissolution dès qu’elle se réunit après les élections de 1808. Son idée était de terroriser les électeurs parce qu’il les

  1. Voir « A book of revelations », article de Benjamin Sulte dans l’American Book-Lore, Milwaukee, 1899