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Page:Sulte - Mélanges historiques vol. 13, 1925.djvu/75

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PAPINEAU ET SON TEMPS

s’agissait de défendre le pays.[1] Louis-Joseph Papineau, bien qu’il s’opposa à la guerre qu’il qualifiait d’anglaise, servit comme capitaine de milice. Un jour qu’il commandait une compagnie qui conduisait des prisonniers américains, il fit taire la musique militaire qui jouait Yankee Doodle, considérant que cet air était un sarcasme à l’adresse des vaincus.[2]

Sir John Sherbrooke succéda à sir George Prévost comme gouverneur. Sous son administration (1816-17), le peuple fut généralement de son côté et soutint le conseil. En 1815, Papineau fut appelé à la présidence de la chambre d’assemblée en remplacement de Jean-Antoine Panet. Jusqu’en 1820, il ne remplira qu’un rôle modeste, alors que la législature siégeant au mois d’avril se trouve aux prises avec plusieurs questions, tant anciennes que nouvelles et au nombre de celles-ci est la singulière affaire de l’élection de Gaspé que le gouverneur avait retardée sans en avoir le droit. La chambre d’assemblée ne voulait pas procéder, disant qu’elle était incomplète. C’était un dead lock en règle. Sous lord Dalhousie, l’attitude des deux partis politiques ne se modifia point, c’est-à-dire que Papineau ne gagna rien, sinon peu de choses vers la fin de cette époque, ce qui eut pour effet de l’aigrir davantage contre l’Angleterre, son ennemie irréconciliable.

  1. L’élection de 1814 sous sir George Prévost donne la clef de l’opinion publique et c’est cette clef qui a ouvert la porte des événements de 1817-37. Sur 50 députés élus pour 1817, il y en avait 33 de 1814. Sur ces 33 il y en avait 11 de 1810. Le parlement de 1814 comptait 39 nouveaux membres ; celui de 1817 n’en avait que 17.
  2. C’est à l’entrée des prisonniers américains à Montréal (les hommes du général Hull), qu’au son de Yankee Doodle Papineau sortit des rangs.