Page:Sun Zi - L’Art de la guerre, les treize articles, 1996.djvu/75

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faudrait le ranimer ; il ne saura ni les instruire ni les dresser à propos ; il ne croira jamais devoir compter sur les lumières, la valeur et l’habileté des officiers qui lui sont soumis, les officiers eux-mêmes ne sauront à quoi s’en tenir ; il fera faire mille fausses démarches à ses troupes, qu’il voudra disposer tantôt d’une façon et tantôt d’une autre, sans suivre aucun système, sans aucune méthode ; il hésitera sur tout, il ne se décidera sur rien, partout il ne verra que des sujets de crainte ; et alors le désordre, et un désordre général, régnera dans son armée.

Si un général ignore le fort et le faible de l’ennemi contre lequel il a à combattre, s’il n’est pas instruit à fond, tant des lieux qu’il occupe actuellement que de ceux qu’il peut occuper suivant les différents événements, il lui arrivera d’opposer à ce qu’il y a de plus fort dans l’armée ennemie ce qu’il y a de plus faible dans la sienne, à envoyer ses troupes faibles et aguerries contre les troupes fortes, ou contre celles qui n’ont aucune considération chez l’ennemi, à ne pas choisir des troupes d’élite pour son avant-garde, à faire attaquer par où il ne faudrait pas le faire, à laisser périr, faute de secours, ceux des siens qui se trouveraient hors d’état de résister, à se défendre mal à propos dans un mauvais poste, à céder légèrement un poste de la dernière importance ; dans ces sortes d’occasions il comptera sur quelque avantage imaginaire qui ne sera qu’un effet de la politique de l’ennemi, ou bien il perdra courage après un échec qui ne devrait être compté pour rien. Il se trouvera poursuivi sans s’y être attendu, il se trouvera enveloppé. On le combattra vivement, heureux alors s’il peut trouver son salut dans la fuite. C’est pourquoi, pour en revenir au sujet qui fait la matière de cet