Page:Sun Zi - L’Art de la guerre, les treize articles, 1996.djvu/74

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Dans quelque position que vous puissiez être, si pendant que vos soldats sont forts et pleins de valeur, vos officiers sont faibles et lâches, votre armée ne saurait manquer d’avoir le dessous ; si, au contraire, la force et la valeur se trouvent uniquement renfermées dans les officiers, tandis que la faiblesse et la lâcheté domineront dans le cœur des soldats, votre armée sera bientôt en déroute ; car les soldats pleins de courage et de valeur ne voudront pas se déshonorer ; ils ne voudront jamais que ce que des officiers lâches et timides ne sauraient leur accorder, de même des officiers vaillants et intrépides seront à coup sûr mal obéis par des soldats timides et poltrons.

Si les officiers généraux sont faciles à s’enflammer, et s’ils ne savent ni dissimuler ni mettre un frein à leur colère, quel qu’en puisse être le sujet, ils s’engageront d’eux-mêmes dans des actions ou de petits combats dont ils ne se tireront pas avec honneur, parce qu’ils les auront commencés avec précipitation, et qu’ils n’en auront pas prévu les inconvénients et toutes les suites ; il arrivera même qu’ils agiront contre l’intention expresse du général, sous divers prétextes qu’ils tâcheront de rendre plausibles ; et d’une action particulière commencée étourdiment et contre toutes les règles, on en viendra à un combat général, dont tout l’avantage sera du côté de l’ennemi. Veillez sur de tels officiers, ne les éloignez jamais de vos côtés ; quelques grandes qualités qu’ils puissent avoir d’ailleurs, ils vous causeraient de grands préjudices, peut-être même la perte de votre armée entière.

Si un général est pusillanime, il n’aura pas les sentiments d’honneur qui conviennent à une personne de son rang, il manquera du talent essentiel de donner de l’ardeur aux troupes ; il ralentira leur courage dans le temps qu’il