Page:Sur la Tombe de Huysmans, Collection des Curiosités Littéraires, 1913.djvu/12

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forme d’épitaphe, dénonce à toute page le néant, l’irréparable néant de tous les étais par lesquels la vieille entité psychique fait semblant de se soutenir encore. Puisque, « comme un raz de marée, les vagues de la médiocrité humaine montent désormais jusqu’au ciel et vont engloutir tout refuge », puisqu’en dépit des mensonges modernes, il ne se trouve pour les âmes supérieures nul réconfort dans l’universelle bourbe contemporaine, puisqu’enfin, ces intelligences malheureuses ont perdu jusqu’à l’effroyable ressource d’un méprisant et hautain pessimisme, et que « l’impossible croyance en une vie future serait seule apaisante », que faire ? que diable faire ? On ne peut pourtant pas rengainer le dégoût et se remettre à l’auge à cochons. C’est au moins aussi impossible que de croire à la vie future.

Le Sphinx est revenu, mille fois plus formidable. Son énigme ne porte plus sur l’homme maintenant, mais sur Dieu, et aucun Œdipe ne se présente pour répondre. Tout ce qui nourrissait l’enfance des peuples est insuffisant et affadi. Théologies, philosophies, arts et littératures sont convaincus d’impuissance et d’insapidité. La vieille silique de l’espérance croupit dans le rince-pieds