Page:Sur la Tombe de Huysmans, Collection des Curiosités Littéraires, 1913.djvu/26

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Quant à Zola, son apport est imaginaire et nul dans cette vocation d’un artiste si profondément séparé de lui, malgré l’illusoire confraternité de leurs esprits. Il a fallu l’indigence critique des journaux pour supposer seulement une connexité d’inspiration entre ce rustre puissant — dont l’appareil cérébral capable, comme dans Germinal, d’inscrire et de restituer exactement les plus colossales visions extérieures, se manifeste si dénué quand il lui faut exprimer les perturbations occultes des âmes — et ce délicat inventeur, ce quintessencier d’idées et de sensations, cet aristocrate de l’analyse, qui fleuronne de son style une psychologie tortionnaire, à décourager le bourreau d’un roi !

Lorsque A Rebours parut, en 1884, le monde des lettres comprit si bien que Huysmans avait enfin dépouillé les pédagogiques ressouvenances de son éducation d’art, pour entrer dans l’originalité certaine, que ce livre détermina un courant littéraire. Le pessimisme synoptique de des Esseintes apparut à plusieurs comme une halte ou comme un refuge, et l’agonisante figure de cet anachorète de l’analyse excita l’émulation d’un groupe nombreux de rêveurs que la vomitive infamie du temps actuel poussait éperdument vers un mysticisme quelconque. Ils trouvèrent là, sans