Aller au contenu

Page:Sur la Tombe de Huysmans, Collection des Curiosités Littéraires, 1913.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

inapte à se transformer, a tout naturellement choisi l’estuaire illimité des songes pour y dégorger l’inavouable spiritualité de sa pensée !…

Au fait, ce titre d’En Rade est une contre-vérité lamentable. Il n’y a pas de rade du tout, ni d’abri, ni de sécurité d’aucune sorte. On crève d’angoisse, de dégoût et d’ennui dans ce croulant château de Lourps, où l’on avait espéré trouver un refuge. Il vaudrait mieux cent fois — pour ne pas sortir de la métaphore — reprendre la haute mer et risquer tous les naufrages ! On aurait du moins la chance d’être poussé vers quelque havre hospitalier.

Si l’âme de l’auteur est complexe — et certes ! il ne paraît pas aisé d’en dénicher une qui le soit davantage — la fiction de son livre est, en revanche, d’une ingénuité linéamentaire. Il ne sera jamais donné à personne d’écrire un roman plus déshérité de tout mécanisme et de toute combinaison dramatique. C’est l’histoire pure et simple d’un pauvre diable d’homme distingué, mais faiblement doué du génie des affaires, qui, ruiné de la veille par la faillite judicieuse d’un alerte banquier, espère trouver un peu de relâche à ses tourments dans une solitude de la Brie où les pa-