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Page:Sur la Tombe de Huysmans, Collection des Curiosités Littéraires, 1913.djvu/34

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autrement que tous les trucs ravaudés du bas feuilleton, c’est le foisonnant intérêt de l’observation qui galope le long de ces pages et la nouveauté plus ou moins plausible des aperçus qu’on y découvre.

Les paysans ont beaucoup défrayé la littérature depuis cinquante ans, et ces brutes sordides ont fait broncher les plus forts. On a voulu, trop souvent, que l’extérieure magnificence de la nature les pénétrât. On les a même vus, parfois, très grands sous les frondaisons sonores ou les firmaments des soirs. L’Angélus du peintre Millet continuera longtemps d’avertir les cœurs sensibles de l’humilité religieuse de ces résignés enfants de la terre. La vieille catau sentimentale George Sand les a certifiés pleins d’idylles en les saturant de son jus. Le tintamarrant Cladel les a déclarés épiques et son disciple Lemonnier n’a pas permis qu’on les supposât inférieurs à des Polyphèmes. Combien d’autres encore, parmi les écrivains, même consciencieux, qui n’ont jamais pu voir dans le paysan qu’un comparse de la Nature, assorti du moins à sa diffuse mélancolie, quand il ne l’était pas à sa majesté !

Seul, Balzac discerna l’obtuse bassesse de ces hypocrites fauves. Mais ce grand analyste obombré par des synthèses, se trouva presque aussitôt