Page:Sur la Tombe de Huysmans, Collection des Curiosités Littéraires, 1913.djvu/39

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troncs disparus des arbres, coagulant les rameaux des branches, comblant les trous des feuilles confondues en une touffe de ténèbres, unique ; et, presque compacte et dense, en bas, la nuit se volatilisait à mesure qu’elle atteignait les cimes épargnées des pins.

« Enfin, par-dessus l’église, le jardin, les bois, tout en haut, dans le ciel dur, sourdaient les froides eaux des astres. On eût dit, de la plupart, des sources lumineuses et glacées, et de quelques-unes qui ardaient plus actives, des geysers renversés, des sources retournées de lueurs chaudes. Il n’y avait pas une vague, pas une nue, pas un pli, dans ce firmament qui suggérait l’image d’une mer ferme parsemée d’îlots liquides.

« Jacques se sentait cette défaillance de tout le corps qu’entraîne le vertige des yeux perdus dans l’espace.

« L’immensité de ce taciturne océan, aux archipels allumés de fébricitantes flammes, le laissait presque tremblant, accablé par cette sensation d’inconnu, de vide, devant laquelle l’âme suffoquée s’effare…

« Et, derrière le château, à son tour, la lune surgit, pleine et ronde, pareille à un puits béant descendant jusqu’au fond des abîmes, et ramenant au