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Page:Sur la Tombe de Huysmans, Collection des Curiosités Littéraires, 1913.djvu/46

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tre, mais il y avait au moins une sorte d’idée centrale et vertébrale qui pouvait donner l’illusion de l’unité.

Ah ! ce n’était pas fracassant de génie, ça ne crevait pas les yeux à force d’éclat, ce haillon d’idée emprunté à la pouilleuse métaphysique de Schopenhauer : « Seul, le pire arrive ! » Tel était le concept.

Les hommes sont des porcs, les femmes sont des truies et la société n’est qu’un immense amas de charognes. Par conséquent, la Foi, l’Espérance, l’Amour, l’Enthousiasme, tous les grands ressorts de la Vie doivent être bafoués et déshonorés comme les jobardes hallucinations de la quinzième année.

Huysmans, à trente-cinq ans, imaginait donc un individu radicalement guéri de la vertu, merveilleusement opéré du cœur et même du cerveau, ayant, à force d’écus, réalisé le refuge délicat d’une boutique princière de curiosités esthétiques.

L’esprit ne pouvait entrer qu’à reculons dans cet ermitage, puisque l’inflexible consigne était l’option perpétuelle pour l’antinomie et le contre-pied. Le « sésame » de cet endroit, c’était d’être rare et de détester la tradition du genre humain. Je ne sais pas s’il s’est jamais vu un aussi ferme parti pris d’éconduire la Vérité et la Beauté pour